Anno Dracula, tome 1 de Kim Newman

 

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Auteur : Kim Newman  – Editions Bragelonne – Parution :  26/12/2012 – Pages : 475 – Prix : 23 € – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture 

Londres, 1888.
L’obscur voile de la terreur est tombé sur la capitale depuis que la reine Victoria s’est unie au sulfureux comte dracula. Sous son influence, les citoyens sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des vampires, toujours plus puissants.
Mais la riposte ne se fait pas attendre. Dans les sinistres ruelles de Whitechapel, un assassin surnommé Scalpel d’Argent massacre les prostituées aux canines un peu trop aiguisées. Lancés dans la traque du tueur, Geneviève Dieudonné, une vampire à la jeunesse éternelle, et Charles Beauregard, espion pour le Diogene’s Club, vont devoir gravir les échelons du pouvoir. Et s’approcher dangereusement du souverain le plus sanguinaire qu’a jamais connu le royaume.

 

Ce livre avait fait pas mal de bruit à sa sortie. Il avait rejoint ma liseuse grâce aux opérations spéciales de Bragelonne, comme beaucoup d’autres. Halloween approchant j’ai décidé de le dépoussiérer et de prendre ma dose de vampire méchant, pas sexy.

Mon ressenti :

Et si Dracula avait gagné contre Van Helsing ? Et si il avait épousé la reine Victoria? A quoi ressemblerait l’Angleterre, voir le monde? Voici le postulat de départ de ce récit. Londres en cette fin de 19ème siècle n’a pas changé, à ce détail près.Pour naviguer dans le brouillard londonien nous allons suivre Charles Beauregard, une sorte d’espion, mandaté pour enquêter sur Jack l’éventreur.Celui-ci éventre toujours des prostituées de bas-étage, mais dorénavant elles sont également vampires, ce qui ne les sauve pas de la misère. Le Londres de Dracula n’a pas meilleure mine que le Londres 100% humain, il est même encore pire. La misère est très présente et le seul ascenseur social est le baiser de l’ombre, bien qu’il ne garantisse rien. Ces vampires là ne font pas rêver, ils sont brutaux et sanguinaires. Pour la plupart les êtres humains sont du bétail, sauf pour quelques uns comme Geneviève Dieudonné qui va aider Beauregard. Enquêtes, intrigues, rebondissements, batailles… vont ponctuer le récit et nous tenir en haleine jusqu’à la fin.

L’auteur a joué avec les personnages de fiction de cette époque, les personnages de Dracula de Bram Stocker, ainsi que M. et Mme Stocker sont des acteurs de premier plan d’Anno Dracula. On croisera le Dr Jekyll, on entendra parler de Sherlock Holmes et de beaucoup d’autres. Je me suis régalée de cette utilisation de différents protagonistes empruntés à d’autres livres. Cela aurait pu être hasardeux, mais Kim Newman l’a réussi à la perfection. Cette édition comprend des bonus inédits : scènes modifiées, nouvelles, interview, script… Il explique notamment toutes les références qu’il a pu glissé sur des personnages de fictions dans le récit. J’ai également beaucoup apprécié la narration, alternant points de vue extérieurs et les récits à la première personne de Jack l’éventreur. 

Le héros n’est pas jeune, dynamique et séduisant. Ce sont plutôt ses qualités d’enquêteur qui sont mises en avant, il n’en est pas moins sympathique. Le côté plus charmeur et aventureux est apporté par Geneviève, ce qui donne un très bon duo d’enquêteurs. Dracula est encore plus monstrueux que je ne l’imaginais, pas dans le sens du vampire froid plutôt classique. L’auteur nous décrit un vampire plus bestiale, donnant des rejetons dégénérés, totalement répugnant.

Au final, une lecture surprenante et captivante. L’auteur nous propose un postulat de départ innovant, qui produit un environnement complexe avec des vampires très méchants et pas ragoûtants. La suite!

 

D’autres avis chez :Lhisbei, Herbefol, Hilde, Rhi-Peann, Lou

n°53 n°16

Dans les veines de Morgane Caussarieu

Quatrième de couverture :

La canicule enflamme les nuits bordelaises. Une bande de camés dévaste un supermarché. Et tandis que l’on repêche des cadavres exsangues dans la Garonne, des filles perdues poussent leur dernier soupir sur le son du Bathory, nouveau repaire de la faune nocturne. Chargé d’enquêter sur ces événements, le lieutenant Baron suit la trace de tueurs dégénérés avides de sexe, de drogue et de rock’n’roll, bien décidés à saigner la cité girondine.
Vampires… Le mot, absurde, échauffe les esprits, sans que personne n’ose encore le prononcer. Et alors que l’investigation piétine, Lily, la propre fille de Baron, s’entiche de l’inquiétant Damian, pensant trouver dans cette passion toxique un remède à son mal-être.

 

Les chroniques publiées sur  ce lvire m’intriguaient beaucoup. Lors des Imaginales Joyeux Drille m’a convaincue d’acheter ce livre et la discussion avec l’auteur a confirmé ce choix. Un des objectifs de Morgane Caussarieu est d’aller à l’encontre des héros de bit-lit, gentils vampires tout propres et charmants. Âme sensible s’abstenir.

 

Mon ressenti :

Pas de doute, ça va être gore et décalé, le ton est posé dès le prologue quand une vampire boulotte un bébé. Et cela ne va pas s’arranger durant l’histoire : drogue, viol, scène sado-masochiste … Mais le décor ne fait pas tout, il y a une véritable histoire policière bien construite avec une intrigue et des révélations. Il y a aussi l’histoire d’une adolescente, sa façon d’affronter la vie et les traumatismes de son existence. Je ne me suis donc pas ennuyée, me demandant à chaque page ce qu’allait encore nous sortir l’auteur et ce que les différents protagonistes allaient devenir.

Une ambiance cradingue, ça peut m’amuser un temps, mais pas tout un roman. Heureusement l’écriture de Morgane Caussarieu transcende le milieu glauque et interlope, où se déroule l’histoire. Les scènes décrites peuvent être trash, l’écriture n’est jamais vulgaire. Elle sait trouver les mots pour parler d’horreurs bien réelles comme l’inceste, dans sa réalité crue.

Comment ne pas se prendre d’affection pour Lily, adolescente paumée, qui essaye de survivre parmi les humains, qui peuvent s’avérer aussi monstrueux que les vampires. Les signes d’agressivité, qu’elle donne au monde extérieur, ne sont que des tentatives désespérées de se protéger. Du côté obscur, des crocs, il y a Damian. On peut facilement imaginer qu’il pourrait changer, passer du côté bienveillant. Morgane Caussarieu nous laisse un peu d’espoir avec lui. Ce n’est pas le cas avec Gabriel, qui est pervers, manipulateur. Ce côté pervers est renforcé par le fait que ce vampire habite le corps d’un enfant. Ce sont les principaux personnages qui m’ont marquée, mais il y en a d’autres, des humains cassés et abîmés par la vie et des vampires monstrueux.

Rien ne sera épargné au lecteur, mais pour moi le plus dur est tout ce qui arrive à Lily. Son histoire est injuste jusqu’au bout. Alors je ne dirais pas que j’ai des passages préférés dans ce livre, mais des passages que je trouve pires que les autres.

Ce qui m’a le plus plu dans ce livre est ce côté décalé, sorte d’ovni dans les parutions actuelles qui traitent de vampire. Je m’attendais presque à pire (mais que serait le pire?), cependant je pense qu’il peut gêner certains lecteurs. Il y a plusieurs niveau de lecture, qui sont intéressants au delà de l’histoire de vampire, Morgane Caussarieu nous interroge, qui sont les monstres ?

A note : la couverture a été réalisée par Bastien Lecouffe-Deharme.

 

Retrouvez d’autres avis chez Joyeux Drille, Blackwolf

Métaphysique du vampire de Jeanne-A debats

Quatrième de couverture :

Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui… comme espion assassin. Normal, avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, Raphaël ne peut être qu’un agent hors normes ! Or, voici qu’il doit se rendre au Brésil, mis sur la trace d’un dangereux nazi en fuite, qu’il doit capturer… ou éliminer. Accompagné d’un prêtre, Ignacio, et d’une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui.

 

L’anthologie des Imaginales 2013 m’a permis de découvrir Jeanne-A Debats à travers les aventures de Raphaël. J’en voulais plus ! Je me suis donc empressée d’acheter Métaphysique du Vampire aux Editions Ad Astra. 

 

Mon ressenti : 

Le début du livre colle le lecteur directement dans le bain, le héros est un vampire, certes, mais pas n’importe lequel. Il bosse quand même pour le Vatican ! Les choses sont tellement bien présentée que cela ne parait pas aberrant, comme le reste de l’histoire, d’ailleurs, qui semble couler de source. Pourtant on se retrouve avec un joyeux mélange de nazis, d’expérimentation sur le vampirisme, de divinités païennes… le tout sur fond de carnaval de Rio. Il y a de quoi avoir peur des couacs. nulle inquiétude à avoir, l’histoire se dévore du début jusqu’à la fin sans soucis.

Qu’est-ce qui fait fonctionner ce joyeux « bordel » ? L’écriture de Jeanne A Debats bien sûr. Elle arrive à lier tous ces sujets à grand renfort d’humour et d’ironie. Les situations sont dépeintes sans compromis. Le langage est familier, mais jamais vulgaire. Bref tout est bien dosé.

Et il y a bien sûr Raphaël. Voilà un sacré personnage. Comment ne pas craquer pour son humour, son ironie, son sarcasme, son oeil avisé sur la société, sans concession. J’adorerais lire Les maximes de Raphaël, ça vaudrait le détour. Il n’est pas tout seul dans cette histoire, bien sûr, mais son personnage suffit pour remplir l’histoire et éclipser les autres personnages.

J’ai adoré le début du livre car il présente Raphaël et en quelques mots on saisi la teneur du personnage. Celui-ci n’hésite pas à faire un détour pour aller tâter les fesses de la statue de Saint Michel en haut du Château Saint Ange (on les retrouve sur la couverture du livre, en position tout à fait honorable).

Une lecture réjouissante, mais avec l’effet de surprise en moins concernant le personnage de Raphaël, puisque j’ai lu une nouvelle à son sujet. J’ai hâte de retrouver ce personnage dans d’autres nouvelles déjà parues.