Carnaval de Ray Celestin

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Auteur : Ray Celestin – Traducteur : Jean Szlamowicz  – Edition : 10-18 – Parution : 19/05/16   –  386 pages – Prix : 8,80 € – Genre : policier

 

Quatrième de couverture :

En 1919, un tueur en série s’attaque aux habitants de La Nouvelle-Orléans en laissant sur les lieux de ses crimes des cartes de tarot. La panique gagne peu à peu, on évoque le vaudou, les rivalités ethniques sont exacerbées. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, une jeune secrétaire de l’agence Pinkerton, Ida, et un ancien policier tout juste sorti de prison, Luca D’Andrea, vont tenter de résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets… Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, le tueur, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.

 

Mon avis :

Il suffit de me parler de la Nouvelle-Orléans et de bayou, pour que j’ai envie de lire le livre concerné. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Et cette lecture ne m’a pas déçue à ce niveau (ni à d’autres d’ailleurs). Dès le début, on est immergé dans l’atmosphère de la Nouvelle-Orléans, en suivant un enterrement, entraîné par la musique. Ce qui m’a énormément plu, en plus de l’enquête (j’y reviendrai), est que l’on découvre beaucoup de choses sur la ville et l’époque, que ce soit au niveau culturel : musique, vaudou, qu’au niveau historique : ségrégation, ambiance entre deux-guerres, développement de la mafia

En plus de l’univers et du cadre historique, qui sont déjà très riches, l‘enquête policière est très bien décrite et menée. On va la voir de quatre points de vue différents, ceux d’un policier en service (Michael), d’un ex-policier tout juste sorti de prison (Luca), d’une enquêtrice débutante métis (Ida) et d’un journaliste. Chacun apporte sa richesse, ses anecdotes, son vécu.

Le récit se lit tout seul du début jusqu’à la fin. L’auteur maîtrise vraiment son univers et ryhtme parfaitement son histoire. L’intrigue reste très riche tout du long et ne fait pas dans la facilité.

La richesse des personnages donne vie au récit. Sans aucun mauvais jeu de mots, aucun n’est ni blancs, ni noirs. Luca, le flic corrompu, a aussi des valeurs, des remords, des sentiments. Il s’imagine rentrer dans sa Sicile natale, à la recherche d’un refuge. Michael, symbole de l’autorité, doit faire face à des difficultés permanentes pour l’appliquer, dans un système qu’il réprouve pour son injustice. Ida, du fait de sa couleur, n’est à sa place nulle part. Il y a aussi Simone, la mystérieuse femme des marées… Et tant d’autres !

Pour conclure, j’ai vraiment apprécié cette lecture. Bercée par un fond de jazz, je suis partie à la découverte de la Nouvelle Orléans, de ses fastes et de ses côtés les plus sombres. J’ai tressailli en découvrant les massacres du tueur à la hache (qui a réellement existé), j’ai frémi en suivant l’enquête visant à le découvrir. J’ai adoré découvrir les différents protagonistes. Une lecture extrêmement riche, que je vous conseille.

 

« En Louisiane, les noirs n’avaient guère le droit de faire entendre leur culture et les enterrements permettaient justement d’y donner libre court en public et de traiter les opprimés avec pompe. C’était pour ça qu’elle fronçait les sourcils, parce que la seule fois où un noir pouvait être traité avec grandeur, c’est quand il n’était plus là pour en profiter. »

« Si cette ville était une personne, ce serait une pute sur le déclin. »

 

D’autres avis chez : Lupa, Café Powell, Zina

 Session 3 : Polar/thriller

Fées & Automates : l’anthologie des Imaginales 2016

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Anthologie dirigée par : Jean-Claude Vantroyen – Illustration : Hélène Larbaigt – Edition Mnémos – Parution : 01/06/16 – 288 pages – Prix :  € – Genre : nouvelles

Auteurs : Paul Beorn, Pierre Bordage, Charlotte Bousquet, Fabien Cerutti, Lionel Davoust, Jean-Claude Dunyach et Mike Resnick, Estelle Faye, Pierre Gaulon, Gabriel Katz, Nabil Ouali, Benoît Renneson, Adrien Tomas, Cindy Van Wilder

 

Quatrième de couverture :

Le thème de l’anthologie des Imaginales 2016 ose le face à face entre deux personnages archétypaux provenant de mondes différents. La fée, figure principale de la rêverie médiévale, du fantastique, de la fantasy, et l’automate, un produit de la culture quasi industrielle, de la pensée scientifique, de la science-fiction. Deux univers qui s’opposent sans doute, mais dont la rencontre est propice à l’imagination et fait jaillir des étincelles. Cette anthologie va vous étonner et vous passionner.

 

Mon avis :

Voici venu le temps de la traditionnelle lecture commune autour de l’anthologie des Imaginales et cette année notre petit groupe compte cinq personnes. Cela demande un peu d’organisation, mais quel bonheur de discuter le soir même de nos lectures de la journée! (entre autres).

Un mot sur la couverture, que je trouve magnifique (normal c’est une œuvre de Hélène Larbaigt). Cette année elle est en plus en lien avec l’affiche des Imaginales et c’est une très bonne idée.

  • Préface de Jean-Claude Vantroyen

Nous découvrons un nouvel anthologiste cette année. La préface est surtout l’occasion de faire un peu connaissance avec lui. Il nous glisse au passage deux trois mots sur les automates et les fées.

  • Smoke and mirrors d’Estelle Faye

Une ambiance mystérieuse, des références au cinéma, des héros amochés… on retrouve bien la plume d’Estelle Faye pour une nouvelle étrange. On voit la société évoluer et les fées se faire déposséder de leur pouvoir de bénédiction/malédiction de manière surprenante. Le merveilleux fait peu à peu place au pragmatisme pour le meilleur et pour le pire.

  • Le rouet noir de Charlotte Bousquet

Une écriture magnifique pour une histoire qui malheureusement ne m’a pas portée.  Le début et l’univers m’ont beaucoup plu, puis j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs et que la fin était assez abrupte. Elle est décevante par rapport à tout ce qui est développé. 

  • Le crépuscule et l’aube de Fabien Cerutti

Le récit est très bien maîtrisé et l’histoire entraînante. La nouvelle se déroule dans l’univers des livres de Fabien Cerutti. Je ne les ai pas lus, mais cela ne m’a pas du tout gêné. L’auteur arrive à développer un univers complet très rapidement. J’ai beaucoup apprécié la relation surprenante entre l’automate et les fées. Les personnages sont percutants. Un texte qui m’a vraiment donné envie de découvrir les romans de Fabien Cerutti.

  • Le comte et l’horloger de Benoît Renneson

Un texte assez classique, sans grande surprise. Les personnages, l’histoire sous forme de conte, sont plutôt simplistes.

  • L’énergie du désespoir de Adrien Tomas

Un très bon moment de lecture avec cette histoire très bien menée. En peu de pages, l’auteur développe un univers complet. Le rythme est enlevé, les personnages ont du caractère (notamment la chasseuse, qui m’a beaucoup plu). Les réflexions de l’automate sont également savoureuses. Enfin le lien entre les fées et les automates est très intéressant.

  • L’étalon de Paul Beorn

Une très bonne idée de départ (je n’en dit pas plus pour ne pas vous spoiler), une écriture agréable et un point de vue qui change pour une fois sur l’évolution des hommes par rapport aux fées. Un texte sympathique, mais avec un ou deux raccourcis.

  •  Magie de Noël de Gabriel Katz

Ambiance… un Paris plutôt dark, un peu post-apocalyptique, des quartiers fermés, des produits interdits… Tout pour me plaire, mais quelques points auraient pu être un peu plus développés. Ce qui a donné lieu à de longs débats sur la durée de vies des automates, l’arrivée de la police etc.

  • Al’Ankabüt de Nabil Ouali 

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture très poétique de Nabil Ouali. Le choix du contexte est très intéressant : un pays en pleine guerre qui n’est pas sans faire penser à la Palestine, la Syrie…  avec un message sur la beauté et l’art en temps de guerre, qui fait réfléchir. Par contre j’ai trouvé quelques incohérences concernant le personnage principale. Cette enfant se comporte comme une enfant très jeune, parfois comme un adulte, c’est assez déstabilisant. Le lien avec le thème n’est pas des plus évident.

  • Le tour de Vanderville de Pierre Gaulon 

Un début de nouvelle très prenant et intéressant, avec une ambiance un peu freak show. Malheureusement cela ne dure qu’au début et l’auteur retombe très vite dans un récit très classique avec une fin trop gentille.

  •  AuTOMate de Pierre Bordage

Une nouvelle qui m’a laissée perplexe, avec un début de texte qui m’a mis très mal à l’aise. L’idée de comparer des hommes à des automates est intéressante, mais le texte est bourré de clichés et les ficelles bien trop grosses. 

  • Son dernier coup d’échecs de Jean-Claude Dunyach et Mike Resnick  

Une histoire très riche, un récit bien construit, une fin intelligente… une bonne nouvelle pour synthétiser ! Pour vous donner envie de la lire, imaginez un conflit interstellaire qui se termine par une partie d’échec avec des limaces extraterrestres ! Si vous souhaitez plus de profondeur, il y a aussi toute la construction du robot joueur d’échec, mais chut ! Je n’en dis pas plus.

  •  Tsimoka de Cindy Van Wilder

Une nouvelle qui colle parfaitement au thème, sans lourdeur. Elle se déroule dans l’univers des Outrepasseurs, mais si vous n’avez pas lu les livres cela ne gêne absolument pas la compréhension. Le texte est très bien construit et l’on retrouve la patte de l’auteur. L’histoire entre les deux héroïnes est très bien menée. Une lecture très agréable.

  • Le plateau des chimères de Lionel Davoust

J’ai mis un peu de temps pour rentrer dans la nouvelle, mais dès l’échange du « combattant » avec « l’entité » j’ai été intéressée par la joute verbal. Peu habituée à l’univers d’Evanégyre, je n’ai pas du tout vu venir la chute contrairement à certains. Un texte très bien construit.

 

Pour conclure : Une lecture comme un grand huit avec quelques très bons hauts, mais aussi des bas. Un bilan mitigé pour cette septième anthologie des Imaginales. L’art de la nouvelle est décidément bien difficile. Je retiens les très bons textes de : Estelle Faye, Fabien Cerutti, Jean-Claude Dunyach & Mike Resnick, Adrien Tomas, Cindy Van wilder et Lionel Davoust.

 

Les avis de mes camarades de lecture commune : Blackwolf, RoseSnow et Ptitetrolle.

 

D’autres avis chez : Boudicca

 

Les années précédentes : Trolls & LicornesBardes et SirènesElfes et Assassins.

 

Infinités de Vandana Singh

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Auteur : Vandana SINGH – Traducteur :  Jean-Daniel Brèque – Couverture : Aurélien Police – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 19/05/2016 – 277 pages – Prix : 20,90 € – Genre : Science-fiction, nouvelle

 

Quatrième de couverture :

Née en Inde, à New Delhi, fille de deux professeurs de littérature anglaise, Vandana Singh a grandi à l’ombre de Shakespeare et Keats. Devenue professeur de physique aux États-Unis, elle s’est tournée vers l’écriture, notamment la science-fiction et la fantasy, à cause de la richesse de ces genres et des possibilités qu’offrent leurs thématiques propres. Depuis 2002, elle a publié deux romans pour la jeunesse, une vingtaine de nouvelles et un court roman de science-fiction, Distances.
Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d’une auteure de science-fiction spéculative qui n’a de cesse de remettre l’Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d’être une planète.
Avec ces textes poétiques, humanistes et parfois mélancoliques, Vandana Singh s’impose comme la digne héritière de Ray Bradbury et Theodore Sturgeon.

 

Mon avis :

Premier livre de l’auteur publié en France, après la publication de deux nouvelles dans Angle mort et dans Fiction. Ayant entendu beaucoup de bien de cet ouvrage, j’étais très curieuse de le découvrir. Il faut dire que rien que la couverture donne envie de le posséder. Pour cette lecture, j’ai été accompagnée par Blackwolf de Blog-O-Livre, avec qui je lis déjà les anthologies des Utopiales et des Imaginales.

  • Faim :

Première nouvelle, où l’on découvre la plume de l’auteur. Juste, belle, envoûtante. Pas vraiment d’imaginaire mais une description du fonctionnement de la société en Inde, vu de l’intérieur : la place des femmes, les carrières des hommes…. L’auteur fait également transparaître son amour de la science-Fiction.

  • Delhi : 

Encore un texte très surprenant, difficile d’en parler sans trop en dévoiler. Difficile à définir d’ailleurs : SF, fantastique, mainstream avec un personnage principal qui hallucine ? Inclassable. Et toujours des mots justes. Après un premier texte qui nous plonge dans la société indienne, le second continue notre immersion. Le héros évoque notamment les gens qu’il a détourné du suicide.

  • La femme qui se croyait planète :

J’ai adoré le début du texte où l’épouse parfaite pète un câble et décide qu’elle est une planète. C’est juste énorme et très bien écrit. L’occasion une fois de plus, pour l’auteur de dépeindre la société indienne avec ses codes très strictes et une place de la femme qui ne donne pas du tout envie d’y vivre. Mon enthousiasme est retombé quand le rêve/délire prend consistance.

  •  Infinités : 

Un texte complexe au premier abord, car il laisse une grande part à la discussion sur des mathématiques de haut niveau. La découverte de la société indienne est toujours bien présente, avec cette fois-ci les guerres de religion. Avec un peu de recul, je me suis dégagée de la recherche d’une compréhension totale des problèmes mathématiques et j’ai pu apprécié cette nouvelle et le magnifique « Sens of wonder » de l’auteur (merci Blackwolf pour le terme, il correspond parfaitement).

  •    Soif :

Attention : claque ! Difficile de retranscrire par écrit le plaisir que j’ai eu à lire ce texte. Vandana Singh nous offre un conte fantastique magnifiquement écrit autour de l’eau, des serpents et des femmes d’une même famille. Tout arrive à point nommé, les scènes se succèdent sans accroc. La place de la femme est une fois de plus le sujet central, mais cette fois-ci elle est très puissante tout en devant rentrer dans le carcan de la société indienne. Le texte est poétique, avec des pointes de réalisme. J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce texte fascinant.

  • Les lois de la conservation :

Atterrissage difficile après le texte précédent. Celui-ci n’a rien à voir et donnerait presque l’impression d’avoir été écrit par quelqu’un d’autre s’il n’y avait pas ce rappel perpétuel à la civilisation indienne. Nous voilà en plein space opera, ça change. Un début de nouvelle assez classique puis après une rencontre avec un extra-terrestre ça part un peu en vrille. Et j’ai décroché. Il n’y avait plus ce lien entre les évènements, si évident dans les autres textes.

  •  Trois contes de la rivière du ciel : 

Trois textes qui respectent vraiment les caractéristiques des contes. Un premier où j’ai retrouvé cette touche si particulière de l’auteur, tout en poésie. Un second, qui ne m’a pas convaincu, ni au niveau de l’histoire, ni au niveau de la construction. Et un troisième un peu caricatural dans sa présentation de l’homme « mauvais » et d’un état naturel de départ « bon ». J’y ai quand même apprécié le passé des arbres et des pierres qui se déplaçaient allégrement et copulaient dans les sous-bois…

  • Le Tétraèdre :

Décidément cette lecture me fera vivre un grand huit avec un nouveau texte qui cette fois-ci m’a conquise. L’auteur arrive à mêler : des idées de trou de ver et de quatrième dimension, toujours des instantanés de la vie en Inde avec le problème des castes et la place de la femme (je ne l’ai pas précisé avant, une place vraiment pas terrible), un tétraèdre qui arrive dans le ciel de nulle part genre vaisseau extraterrestre, des observateurs à la Xfiles… le tout se mêlant superbement bien.

  • L’épouse : 

L’auteur aborde un nouveau sujet, les indiens expatriés aux États-Unis. Avec délicatesse elle parle du déracinement d’une indienne, épouse abandonnée, qui erre dans sa maison suite à son divorce. On retrouve sa plume si agréable, avec un texte étrange.

  • La chambre sur le toit :

Un texte un peu court, car les idées abordées auraient mérité d’être bien plus développées. On retrouve la problématique des femmes en Inde, avec un mari qui vole le travail artistique de sa femme. L’écriture est toujours aussi belle. Ce qui est surprenant c’est que cette histoire, qui semble principale, se retrouve au second plan, pour parler de la relation entre une artiste et deux enfants. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes ( 😉 ).

  • Un manifeste spéculatif :

 Ce texte est très court sur les bienfait des littératures de l’imaginaire et si j’ai tendance à adhérer à la majeure partie des propos, l’auteur m’a quand même choquée en indiquant que 70% de la production de SF et de Fantasy était à jeter à la poubelle. Heureusement Blackwolf m’a fait remarquer qu’elle parlait de la production disponible aux USA, bien différente de ce que nous avons en France.

 

Pour conclure : J’ai été ravie de découvrir l’écriture de Vandana Singh. Si quelques nouvelles m’ont laissé indifférentes, j’ai retiré de ma lecture beaucoup de plaisir, notamment grâce aux nouvelles Soif, Le Tétraèdre et Faim. La plume de l’auteur est poétique. Elle dénonce à travers ses textes qui flirtent plus ou moins avec l’imaginaire, les systèmes de caste en Inde et la situation désastreuse dans laquelle se trouve les femmes, tout en partageant avec nous des détails de la vie quotidienne. Un dépaysement bienvenu dans le monde de la littérature de l’imaginaire et une écriture fascinante.

« En attendant, elle continua de lire ses romans de science-fiction, car, plus que jamais, ils lui semblaient refléter sa prise de conscience de l’étrangeté fondamentale du monde. Peu à peu, elle finit par comprendre que ces contes tentaient de lui communiquer d’une façon alambiquée une vérité fondamentale, qu’ils étaient tous rédigés dans une sorte de code, conçu pour tromper les snobs littéraires et égarer les lecteurs distraits. »

 

 L’avis de Blackwolf.

D’autres avis chez : LuneNebal, Vert

n°5

Une demi-couronne de Jo Walton

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Auteur : Jo Walton – Traducteur : Florence Dolisi – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 22/04/2016 – 342 pages – Prix : 21,50 € – Genre : uchronie

  

Quatrième de couverture :

Londres. 1960. Dix ans ont passé depuis l’attentat contre Hitler déjoué par Peter Carmichael. L’homme qui fut un brillant inspecteur de Scotland Yard dirige maintenant le Guet, la redoutable police secrète créée par Mark Normanby pour juguler l’opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint.

Alors que la jeune Elvira se forge lentement mais sûrement une conscience politique et découvre avec effroi les coulisses d’une Angleterre vendue au fascisme, de nouveaux mouvements sur l’échiquier politique secouent le pays. Le retour du duc de Windsor, fasciné par Hitler, n’étant pas le moindre.

En danger, plus que jamais, Carmichael va être confronté au plus grand défi de son existence. 

  

Mon avis :

Voici le troisième tome qui vient clôturer La trilogie du Subtil changement (Le Cercle de Farthing, Hamlet au paradis). Les deux premiers tomes m’avaient laissée un peu dubitative, mais désireuse de connaître la fin de l’histoire. Quelle bonne surprise avec ce tome 3, qui m’a vraiment plu ! Certains des éléments qui me gênaient dans les tomes précédents étaient moins présent et j’ai enfin ressenti un réel enthousiasme à la lecture de cet opus.

J’ai commencé à me faire au style si particulier de Jo Walton, qui aborde des thèmes graves par la voix de son héroïne Elvira, avec légèreté. Lire « Le fascisme est si excitant », me rend malade. Mais  cela correspond bien au personnage, à son éducation et à celle des femmes dans ce récit. Il y a également quelques tournures des évènements un peu simplistes dans le roman, du genre un personnage inconnu aborde Carmichael, qui va croire immédiatement ce qu’il lui dit…

Ces petits désagréments sont cependant vite oubliés et l’on se concentre sur les histoires que vivent Elvira et Carmichael, entre l’éducation d’une dame dans la société anglaise et moult conspirations et complots. Cette fois-ci, la partie uchronique* est beaucoup plus développée et subira de nombreux rebondissements. On dépasse le cadre de l’Angleterre pour découvrir que l’URSS a été anéantie et a été partagée notamment avec le Japon. Le travail de Carmichael (commandant du Guet, sorte de Gestapo anglaise) opposé à ses actions (il fait fuir en cachette des juifs) provoque une tension dramatique qui pimente l’histoire, le récit est prenant jusqu’à la fin. Celle-ci plaira plus ou moins, suivant s’il on est optimiste ou pas. 

J’ai vraiment apprécié la construction du texte, qui alterne entre l’histoire racontée par Elvira et celle racontée par un narrateur extérieur quand il s’agit de Carmichael. Ce changement de point de vue l’a rythmé avec efficacité.

Pour conclure, Jo Walton conclue brillamment La trilogie du Subtil changement, avec un tome que j’ai trouvé très intéressant au niveau de la construction de l’histoire (développement du fond uchronique), du récit ou encore du traitement profond des personnages. L’histoire m’a tenue en haleine jusqu’à la fin, malgré quelques petits raccourcis simplistes.

 

* : « L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. » Dixit Wikipédia

  

« Et vous, Miss Royston, que pensez-vous du fascisme ?
— J’adore ! Je trouve cela terriblement excitant », répondis-je.
Mrs Maynard grimaça, puis échangea un regard entendu avec lady Bellingham. Ma logeuse estimait que le fascisme était une très bonne chose en soi, fort utile pour qu’ils restent à leur place, mais cette mouvance politique lui posait un problème : tout le monde — sauf eux, les Juifs — pouvait y adhérer. Mrs Maynard la considérait donc avec un vague mépris, comme tout ce qui n’était « pas tout à fait… ».« 

 

D’autres avis chez : Cornwall, Nanet, Acro, Lune, Naufragés Volontaires, Felina

La Complainte d’Irwam, tome 1 : SyrYnis de Anna Combelles (nouvelle édition)

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Auteur : Anna Combelles  – Editions : Sudarènes édition – Parution : mars 2015 – 372 pages – Prix : 18 € – Genre : Fantasy, Urban-Fantasy

  

Quatrième de couverture : Pour plus de surprise à la lecture, ne la lisez pas 😉

Nathan, jeune lecteur passionné, est loin d’imaginer que derrière un Voile protecteur, les personnages qu’il crée naissent et vivent de nouvelles aventures. Pourtant, lorsqu’il rencontre Cassiodore et Léandre, les héros de sa dernière lecture, sa réalité devient presque aussi belle que les histoires qu’il apprécie. Mais, Irwam, gardienne du Voile, acceptera-t-elle de le laisser vivre et créer d’autres mondes ?

 

Mon avis :

J’avoue, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en ouvrant ce livre. Je n’avais même pas lu la quatrième de couverture. Des fois, j’aime bien avoir des surprises et être vierge de toute idée préconçue avant d’entamer ma lecture (même si j’en ai déjà toujours une ou deux qui tournent). La surprise a donc été totale.

Et quelle surprise ! Je m’attendais à un récit de fantasy assez classique (et bim une idée préconçue), que nenni ! Nous voici avec plusieurs mondes qui flirtent avec le notre, ou se situe le héros Nathan. La présentation de l’univers est très bien amenée et avec finesse. Le lien entre notre monde et ceux qui se situent derrière le voile protecteur est peu à peu dévoilé. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette construction. L’intrigue se mets en place tout le long du livre, mêlant mondes et personnages. La fin arrive, du coup, trop vite et l’on a bien envie de connaître la suite.

Les personnages sont attachant, que ce soit Nathan l’incorrigible lecteur, ignorant de ses pouvoirs, Coline son amie un peu égocentrique au caractère bien trempé, mais finalement pas très sure d’elle. Cassiodore et Léandre forment quant à eux, un duo touchant. Je me suis inquiétée tout le long du récit sur leur devenir (et l’inquiétude persiste à la fin du tome 1 d’ailleurs). Irwam, sans doute du faite de son rôle de Gardienne du voile, m’a semblé plus distante (même si son monde m’intrigue au plus haut point).

Pour conclure, j’ai vraiment apprécié la découverte de la complainte d’Irwam. L’univers est très riche, complexe et construit avec subtilité. Je me suis attachée aux personnages, dont j’ai vraiment envie de découvrir la suite des aventures !

 

D’autres avis chez : Licorne,  UnChocolatdansmonroman, Neko, Mypianocanta, Cera

Session 2 Fantasy