Le détroit du Loup de Olivier Truc

 ID :

Auteur : Olivier Truc – Editions Points – Parution : 17/09/15 – 528 pages – Prix : 8,30€ – Genre : policier

 

Quatrième de couverture :

Le printemps dans le Grand Nord, une lumière qui obsède, une ombre qui ne vous lâche plus. À Hammerfest, petite ville de l’extrême nord de la Laponie, au bord de la mer de Barents, le futur Dubai de l’Arctique, tout serait parfait s’il n’y avait pas quelques éleveurs de rennes et la transhumance… Là, autour du détroit du Loup, des drames se nouent. Alors que des rennes traversent le détroit à la nage, un incident coûte la vie à un jeune éleveur. Peu après, le maire de Hammerfest est retrouvé mort près d’un rocher sacré. Et les morts étranges se succèdent. En ville les héros sont les plongeurs de l’industrie pétrolière, trompe-la-mort et flambeurs, en particulier le jeune Nils Sormi, d’origine sami. Klemet et Nina mènent l’enquête pour la police des rennes. Mais pour Nina une autre quête se joue, plus intime, plus dramatique. Elle l’entraîne à la recherche de ce père disparu dans son enfance. Une histoire sombre va émerger, dévoilant les contours d’une vengeance tissée au nom d’un code d’honneur implacable.

 

Mon avis :

Quand Babelio a proposé le dernier livre d’Olivier Truc en partenariat Masse critique, j’ai croisé les doigts pour être retenue. J’avais adoré son précédent livre : Le dernier Lapon.

Le livre démarre durant la transhumance des rennes et nous envoie directement en Norvège. Autant vous dire que j’ai plongé dans l’histoire immédiatement . Des meurtres, des morts suspectes, des rennes qui s’échappent et qui viennent brouter les tombes, se mêlent allègrement. La police des rennes se retrouve à travailler  sur des cas qui sont bien loin du vol de rennes. Une fois de plus, l’auteur nous dévoile de nombreuses histoires, toutes passionnantes. Au fur et à mesure de la lecture, elle se recoupent et finiront par faire sens à la fin du livre. Le lecteur n’est jamais vraiment perdu, juste parfois un peu égaré entre plongée profonde, pâturage et plateforme pétrolière.

Une fois de plus l’auteur nous fait découvrir de nouveaux horizons. Après la rencontre avec le peuple sami dans Le dernier Lapon, Olivier Truc nous fait marcher dans les pas des pionniers du travail en plongée profonde, ou encore appréhender l’impact de l’exploitation du pétrole et du gaz dans l’océan arctique. Une manne financière, mais à quel prix ? Les antagonismes sont nombreux : Samis et norvégiens, nature et industrialisation, tradition et modernité. C’est cette double dimension qui me plaît dans les romans d’Olivier Truc, le divertissement avec l’enquête policière, ainsi que la découverte de nouvelles cultures et l’apprentissage.

Son écriture est très descriptive, on a l’impression de sentir le soleil sur notre peau, de pouvoir toucher le lichen. La construction  du roman ressemble à celle du précédent avec des évènements du passé qui s’imposent au présent et cela fonctionne toujours aussi bien. Le ton est toujours juste, même pour parler d’injustes ou de drames.

Le travail sur les personnages est très important. Olivier Truc retranscrit habilement les pensées, les modes de fonctionnement des différents protagonistes. J’ai retrouvé avec plaisir, le duo formé par Klemet et Nina, de la police des rennes. Cette fois-ci, on va en apprendre plus sur Nina, son passé, ses parents, ce qui a ravi la grande curieuse que je suis.

Pour conclure, l’ambiance dans Le détroit du loup est différente de celle dans Le dernier Lapon, car l’on fréquente plus de personnages en dehors des éleveurs de rennes, des plongeurs, des industriels du pétrole. Par conséquent, cette lecture m’a beaucoup plu, mais d’une autre manière. J’ai aimé découvrir ces nouveaux univers. Je me suis également plus intéressée aux rapports humains, que l’auteur décrit avec brio, ainsi que les chocs des cultures qu’il nous présente (peuple sami vs non sami, nature vs industrialisation, tradition vs modernité). Le lecteur peut apprendre et découvrir beaucoup de choses, l’enquête policière apportant, en plus, une bonne touche de divertissement. J’espère que l’auteur va continuer encore longtemps  à nous étonner !

 

« Garder ses rennes à ski ou à cheval, à quoi ça menait tout ça, alors que le réchauffement climatique, les compagnies minières et les multinationales pétrolières étaient en train de tout réduire à néant. »

 

D’autres avis chez : Sia, Joyeux Drille

 

Et comme je suis très sympa et que j’ai vraiment apprécié ma lecture, je vous propose de la gagner !

Pour participer, il suffit de remplir le questionnaire accessible ci-dessous avant le 17 novembre à 23h59. Il y a 1 exemplaire en jeu.

Concours ouvert à la France métropolitaine. Un tirage au sort aura lieu pour départager les bonnes réponses. Les résultats seront publiés quelques jours après la fin du concours. J’enverrai son lot au gagnant. Une seule participation par personne et par foyer. Je ne pourrai être tenue responsable en cas de perte de la poste. 

 

The HAT a parlé et voici la gagnante :

Je t’envoie le livre très rapidement!

 

Un éclat de givre de Estelle Faye

ID :

Auteur : Estelle Faye – Couverture : Aurélien Police  –  Editions  Les Moutons Electriques  – Parution : 05/06/2014 – 245  pages – prix :  21 € – genre : SF, post-apocalyptique

 

Quatrième de couverture:

Un siècle après l’Apocalypse. La Terre est un désert stérile, où seules quelques capitales ont survécu. Dont Paris.

Paris devenue ville-monstre, surpeuplée, foisonnante, étouffante, étrange et fantasmagorique. Ville-labyrinthe où de nouvelles Cours des Miracles côtoient les immeubles de l’Ancien Monde. Ville-sortilège où des hybrides sirènes nagent dans la piscine Molitor, où les jardins dénaturés dévorent parfois le promeneur imprudent et où, par les étés de canicule, résonne le chant des grillons morts. Là vit Chet, vingt-trois ans. Chet chante du jazz dans les caves, enquille les histoires d’amour foireuses, et les jobs plus ou moins légaux, pour boucler des fins de mois difficiles.
Aussi, quand un beau gosse aux yeux fauves lui propose une mission bien payée, il accepte sans trop de difficultés. Sans se douter que cette quête va l’entraîner plus loin qu’il n’est jamais allé, et lier son sort à celui de la ville, bien plus qu’il ne l’aurait cru.

Mon avis :

Comment vous parler de ce livre ? Je l’ai adoré et ce n’est pas toujours facile de trouver ses mots dans ce cas là. Déjà la couverture est magnifique et après avoir lu le livre, je trouve qu’elle lui va parfaitement. L’objet livre fait également plaisir quand on le tient : une reliure, du beau papier… Estelle Faye avait trouvé les bons mots aux Imaginales l’année dernière pour me le vendre, malheureusement je ne m’en souviens plus. Heureusement, il reste le plus important, le livre.

Estelle Faye nous plonge dans un Paris post apocalyptique. Les humains ont usé et abusé de la terre, ils se prennent le retour de manivelle. Paris grouille sous la canicule, écrasée par la chaleur. On se croirait revenu au 18ème siècle sans eau courante ni électricité, avec des maisons sur tous les ponts de Paris. C’est cradingue, ça sent la sueur… Et au milieu de la boue, une fleur : Chet. Anti Héros dégingandé, qui fera frémir le cœur des femmes, mais préférera celui des hommes. Chet est embauché pour mener une enquête dans les milieux interlopes de cette capitale décadente. Nous allons le suivre dans les plus sombres recoins de Paris, pour des aventures surprenantes. Une fois l’histoire commencée elle vous tient, jusqu’à la fin, inattendue.

J’avais beaucoup aimé l »écriture d’Estelle Faye dans son précédent opus Porcelaine. Ce sentiment se trouve ici confirmé, avec une écriture très riche et colorée. Son écriture est belle,  même si elle nous décrit des horreurs, en donnant des détails peu ragoûtant. Sa prose est très agréable à lire et coule toute seule, un régal.

En plus de l’univers décrit, de l’histoire haletante, ce qui m’a énormément plu est la galerie de personnages que convoque Estelle Faye. La plupart des personnages secondaires sont abîmés par la vie, voir ont de quoi participer à un freak show. Au niveau personnages principaux, nous sommes servis, entre Chet le héros atypique à la sexualité débridée, Galaad le chevalier des temps moderne… et tant d’autres.

Pour conclure, voilà une lecture qui m’a grandement réjouit. J’ai adoré son ambiance glauque, ses personnages décadents (mais pas tous),son anti-héros ambivalent si attachant. La balade dans ce Paris post-apocalyptique sur fond de jazz vaut vraiment le coup ! Laissez-vous envoûter!

« Voilà je m’appelle Chet, j’ai vingt-trois ans, nous sommes le 6 juillet 2267. Deuxième moitié du vingt-troisième siècle. Mon siècle. Je chante le soir dans les bars. Je pense à Tess, je flirte avec des inconnus. Et au matin je vomis. »

 

D’autres avis chez : Blackwolf, Jae-Lou, CornwallJulien naufragé, Lune, Bibliocosme …

n°13 n°41 

Et Gretel de Marien Tillet et Pole Ka

 

ID :

Auteur : Marien Tillet (texte), Pole Ka (illustrations) – Editions : Collectif des métiers de l’édition, Collection Dans le ventre de la baleine – Parution : 15/05/2015 – 40 pages – prix : 13 € – genre : conte, jeunesse, beau livre

 

Présentation de la maison d’édition :

Gretel a faim. Très.
Son frère est appuyé contre le mur en pain d’épices
de la maison qu’ils ont trouvée dans la forêt.
Il a le ventre gonflé. Mais il semble bien.

 

Mon avis :

J’aime bien l’opération La voie des Indés sur Libfly, elle me permet de découvrir des maisons d’éditions que je ne connaissais pas du tout. Cette fois-ci, je me suis laissée tenter par le Collectif des métiers de l’édition et son mystérieux « Et Gretel ».

La couverture est magnifique. Très sombre, on devine en retrait le visage de la méchante sorcière de Hansel et Gretel. L’histoire s’annonce bien noire et effrayante, à nous les frissons !

Ce livre illustré est présenté comme une interprétation du conte. La connaissance du conte me semble être un pré-requis, car le texte et les images suggèrent l’histoire plus qu’ils ne la détaillent. Le conte est narré avec peu de mots, qui retrouvent leur écho dans les illustrations. Le « peu » est percutant, les mots sont choisis avec soins et sont appuyés par les dessins. Par exemple, la faim est exprimée par un représentation d’estomac. On se prend à lire à voix haute ces mots si rares, mais percutants.

Les dessins sont organiques, épithélium, coupe de crâne, adipocytes, donnent corps au texte et rendent celui-ci encore plus monstrueux.

Quand j’y réfléchis, bien-sûr le conte initial en lui-même est déjà angoissant : des parents qui abandonnent leurs enfants dans la forêt… qui risquent d’être mangés par une sorcière… Mais là, je trouve qu’avec la narration et les dessins, le tout est vraiment effrayant!

Pour conclure,  Marien Tillet et Pole Ka ont réalisé un très beau petit livre, qui nous présente une nouvelle version du conte Hansel et Gretel. Même les plus grands frémiront à sa lecture. La façon de conter de Marien Tillet fait monter l’inquiétude, renforcée par les illustrations de Pole Ka. Une association réussie.

n°39

Spooky & les contes de travers – Pension pour monstres de Carine-M et Elian Black’Mor

 ID :

Auteur : Carine-M et Elian Black’Mor – Editions : Glénat, Collection Hors Collection – Parution : 28/10/2015  – 80 pages – prix : 25.50 € – genre : conte, roman graphique

 

Quatrième de couverture :

Bienvenue à Londres dans la plus prisée des pensions pour monstres, tenue depuis peu par mes oncles, les célèbres Trois Petits Cochons.
Au programme : du tourisme bien sûr, un zeste de Rock’n’Roll et surtout beaucoup de mystère… Normal me direz-vous, car Londres est la capitale de l’étrange et c’est bien cela qui m’arrange.

Je m’appelle SPOOKY. Je viens du Pays des Contes de Fées et j’adore les histoires à faire peur !

Toc ! Toc ! Le Petit Chaperon Rouge vient de frapper à la porte
avec ses valises et son petit pot de beurre… mais pensez-vous qu’ici,
tout le monde l’aimera autant que sa grand-mère ?

 

Mon avis :

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!!!!!!!!!! Le nouveau livre de Carine-M et Elian Black’Mor !!!!

Vous l’aurez compris je suis en pleine crise de fan attitude ! Après avoir vu de nombreuses ébauches sur facebook et sur leur site internet, j’ai enfin eu mon précieux Spooky & et les contes de travers entre les mains. Telle une droguée, je l’ai tâté (« ahhhh la belle couverture toute gonflée »), regardé de près (« la belle couverturrrreee!!! » « les petites inscriptions partout, c’est génial! » « Tiens une petit araignée », « oh une licorne! »), bref j’ai pris mon temps, j’ai fait une approche dans les règles de l’art.

Celle-ci effectuée, je l’ai enfin ouvert! Et là, l’émerveillement a continué. La seconde et la troisième de couverture sont plein de petits graffitis, on y croise des araignées, la manif des pains de mie….  et la page de garde nous annonce que nous avons entre les mains le journal intime de Spooky.

Qui est Spooky ? Une jolie princesse de conte de fée à l’imagination très fertile. Du coup, des bestioles étranges apparaissent par mégarde, car elle adore créer des contes qui font peur. Ses parents vont l’envoyer en pension chez ses oncles les 3 petits cochons, qui tiennent une pension pour monstre. Intrigue et suspens seront au rendez-vous! Qui a volé la confiture de fruit rouge et traumatise les mamies du quartier? Spooky va mener l’enquête. L’occasion pour le lecteur de découvrir avec bonheur les différents locataires de la pension. Rebondissements inattendus, situations cocasses, j’ai dévoré (avec les yeux) ce récit!

Comment vous parler maintenant de l’aspect visuel de ce livre ? Tout ce qui est mise en page, trame de fond, vous mettent dans l’ambiance : trame de cahier, différents types d’écriture comme manuscrites, des petits dessins… c’est bien un journal intime. Et les illustrations ! Dessins rigolos qui narrent l’histoire, côtoient de grandes illustrations très esthétiques, j’ai eu un véritable coups de coeur pour Monsieur Cauchemar.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman graphique, que ce soit son histoire très rigolote avec une fin des plus surprenantes,  la mise en page en forme de journal intime, les nombreuses illustrations, que je n’arrive pas à définir à part par : géniales. Un rayon de soleil dans vos journée les plus sombres, à se procurer de toute urgence !

« Keep calm and love creepy »

SPOOKY ⚡ TRAILER IN PROGRESS 01

Source: Externe

la BD du mercredi n°40

Corto Maltese. La Ballade de la mer salée de Hugo Pratt

ID :

Auteur : Hugo Pratt  – Traducteur :  Fanchita Gonzalez-Batlle – Editions : Denoël, Collection Denoël & d’ailleurs – Parution :  10/09/2015, nouvelle édition en 2015, première parution en 1996 – 304 pages – prix : 19,90 € – genre : aventures

 

Quatrième de couverture:

De sa célèbre bande dessinée La Ballade de la mer salée, prélude aux vingt-neuf épisodes de la saga de Corto Maltese, Hugo Pratt, peu avant sa mort, avait décidé de faire un roman.
Naviguant dans les mers du Sud au milieu des tempêtes, des naufrages et des îles perdues, pirates et aventuriers farouches font souffler un vent de violence extrême tempéré de soudaines bouffées de tendresse. Tous les ingrédients qui ont porté les aventures du Maltais à la dimension d’une légende sont ici réunis pour que le romantique marin nous entraîne une fois encore dans son univers magique, sous la plume d’un auteur dont on découvre que le génie tenait aussi à ses dons d’écrivain.

 

Mon avis :

Ah… Corto Maltese…  Qui n’a pas rêvé en lisant les bande dessinées représentant ce marin dégingandé? Si vous ne le connaissez pas, précipitez-vous sur les BD! Et ce livre, à propos (oui ce billet n’est pas une chronique BD) ? J’étais assez curieuse de me pencher sur la version sans image du marin maltais. On y retrouve le thème des grandes aventures, entre piraterie et première guerre mondiale, le dépaysement avec les îles perdues au milieu du pacifique, toute sorte d’engin aquatique : canonnier, paquebot, pirogue, sous-marin, des palmiers, du sable…. Bref, de quoi voyager. Cependant ma lecture a manqué d’entrain. 

Après réflexion, j’ai trouvé ce qui n’allait pas : je n’ai pas accroché au style d’Hugo Pratt. J’ai trouvé que les différents épisodes de l’histoire manquaient de lien entre eux, donc un soucis au niveau de la construction. Le texte ne suffit pas à remplacer l’image. En fait, il faut un peu se construire sa propre histoire, comme quand on lit une bande dessinée et qu’on ne voit pas tout sur la vignette (bien entendu on le fait toujours un peu quand on lit, mais normalement l’auteur nous accompagne un peu plus). Mais c’est la narration qui m’a le plus gênée. J’ai trouvé les discours des personnages et souvent les descriptions assez plats, banals. Une écriture qui manquait un peu de personnalité.

Peut-être l’auteur a souhaité avoir un style désinvolte, comme l’est le héros Corto Maltese? J’ai retrouvé avec plaisir ce marin mystérieux. Toujours souriant et charmeur, il se tire de tous les mauvais pas et ne livre jamais le fond de sa pensée.Où va-t-il, qui est-il ? Mystère et boule de gomme.

Pour conclure, même si j’ai été ravie de retrouver Corto Maltese sous la plume de Hugo Pratt, que je connaissais par ses bande dessinées, j’ai été déçue par la plume de l’auteur. L’histoire est là, mais manque d’un peu plus de profondeur et de développement. A noter : la magnifique couverture.