Marjane, tome 1 : La Crypte de Marie Pavlenko (photos inside)

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Auteur : Marie Pavlenko  –  Editions Pocket jeunesse  – Parution : 05/03/15 – 380 pages – prix :  17,90 € – genre : fantastique, jeunesse

 

Quatrième de couverture:

En plein coeur de Paris, les ninns, que les hommes surnomment « vampires », ont bâti une incroyable Résidence secrète dont les humains ne soupçonnent rien. C’est là qu’a grandi Marjane, qui, jusqu’à ses 17 ans, croyait faire partie du clan. L’assassinat de son père va bouleverser son existence. Accusée de trahison, elle est obligée de s’enfuir.

Avec l’aide de son amie Ashley et du mystérieux Mats, Marjane découvre alors un monde hostile, peuplé de créatures fantastiques qui hantent la ville. Elle y apprend la vérité sur son père, mais sa quête la conduira bien plus loin, sur la piste de terribles secrets…

 

Mon avis :

Quand Marie Pavlenko  a annoncé son nouveau livre, j’ai fait des petits sauts de joies (si si, promis), car j’avais adoré la trilogie Saskia (tome 1, tome 3), ainsi que La fille sortilège. Je l’ai donc attendu avec impatience et aussitôt acheté aussitôt lu.

Ce tome 1 est très prenant et happe le lecteur immédiatement. En effet, on rentre très rapidement au cœur de l’action avec le meurtre du père de Marjane. Le rythme va d’ailleurs rester effréné jusqu’à la fin.  Même s’il est tentant de faire des comparaisons avec Sakia,  l’histoire est complètement différente, de même que le rythme. Dans Saskia, les choses étaient un peu moins évidentes et l’on prenait le temps de découvrir les personnages. Ici les grandes lignes de l’histoire sont plus visibles et classiques : une jeune fille qui se retrouve orpheline, traquée, embarquée dans une immense machination, avec une meilleure amie un peu moins téméraire  ect. Peut-être que j’ai lu beaucoup plus de littérature jeunesse et young adult depuis et que les schémas du genre me sautent aux yeux. Je vous rassure tout de suite, l’histoire m’a tout de même tenue en haleine jusqu’à la fin et j’ai hâte de lire la suite !

Il faut dire que Marie Pavlenko a su créer un univers à part entière en plein Paris, avec un bestiaire phénoménale (lithomorphe, sirène, ninn, corkan, génie des eaux…). Elle propose également une nouvelle vision des vampires assez intéressante. Son écriture est toujours très agréable à lire. Elle décrit avec précision les aventures de Marjane et on a l’impression de visiter la capitale avec elle.

Marjane est une héroïne typique de roman young adult, forte et téméraire et l’on se prend vite d’affection pour elle. Les personnages qui l’entourent valent le coups, entre Jack le corkan qui fait exploser les scores de mignonitude (une sorte de chat avec des ailes de chauve-souris et une queue en os), Kereb le Litomorphe à l’allure de chérubin qui adore la décoration cul cul (rigolade garantie)…

Pour conclure, Marjane de Marie Pavlenko s’inscrit dans les trames classiques de littérature young adult, je n’ai donc pas été surprise au niveau du scénario. La richesse de ce livre se trouve dans le bestiaire développé par l’auteur et dans la qualité de son écriture. Le rythme est soutenu et le livre se lit d’une traite, à tel point que l’on reste sur sa faim en attendant la suite.

 

En grande fan de Marie Pavlenko, j’étais à la librairie Pages après pages pour la dédicace organisée à la sortie du livre, le 7 mars 2015 :

 

D’autres avis chez : Ptitetrolle, Mycoton

n°36 n°10

Brutes de Anthony Breznican

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Auteur : Anthony Breznican  – Traductrice : Mathilde Tamae-Bouhon – Editions : Denoël  – Parution : 20/08/15 – 546 pages – prix : 24.90€ – genre : Contemporain

 

Quatrième de couverture:

Pittsburgh, années 1990. Saint-Mike est un lycée catholique en perdition. Sa réputation désastreuse l’a transformé en décharge à délinquants et le corps enseignant a depuis longtemps baissé les bras, préférant fermer les yeux sur les agissements de certains élèves qui se livrent à un bizutage sans merci sur les plus jeunes. C’est au milieu de cet enfer que Peter Davidek fait son entrée en première année. Il se lie avec Noah Stein, un garçon plein de ressources portant une mystérieuse cicatrice au visage, et la belle et fragile Lorelei, qui rêve d’entrer dans le clan très fermé des filles populaires. À trois, auront-ils une chance de survivre à ce système scolaire cruel où l’on entre innocent et dont on ressort en ayant fait de l’intimidation et de la brutalité un mode de vie ?

 

Mon avis :

Si le synopsis peut sembler un peu caricatural, il m’avait bien fait de l’oeil. Allait-on avoir le droit à une histoire ressemblant à une énième série télévisée américaine ? Et bien non et heureusement d’ailleurs. Le livre démarre au quart de tour avec un élève qui s’enferme sur le toit du lycée, rien que ça. On enchaîne par la visite de Saint Mike par Noah, qui constate que c’est un peu le grand n’importe quoi dans ce lycée, entre les profs qui ont des têtes de turcs et des élèves qui en persécutent d’autres avec l’excuse du bizutage, tradition ancestrale de l’établissement… Mais cette histoire ne va pas rester superficielle, petit à petit le lecteur va comprendre de l’intérieur ce qui se passe à travers la vie de Noah, Peter et Lorelei. Si parfois les évènements font sourire, on découvre des adolescents déjà abîmées par la vie, des adultes à côté de la plaque. L’histoire s’avère dure et souvent j’aurais voulu pouvoir voler au secours des différents protagonistes. La fin laisse la place à de nombreuses ouvertures et je me suis prise à espérer une suite, car franchement c’est dur d’arrêter de suivre les différents personnages à la fin de l’année scolaire.

Il s’agit du premier roman d’Anthony Breznican, mais cela ne se voit absolument pas. Il trouve toujours le mot juste pour représenter les situations, décrire les sentiments des personnages.Le point de vue va régulièrement changer et suivre soit des professeurs, soit des élèves. Cela permet de comprendre l’histoire dans sa globalité, ce qui lui donne encore plus de poids.

Les personnages sont très riches. Leur description permet de se les représenter parfaitement, tout en gardant une part de mystères comme pour Noah. Chacun porte le poids de sa famille, même si celui-ci est différent entre Noah, Peter et Lorelei. Pour Peter et Lorelei, on sait dès le départ  quel est leur objectif pour cette année scolaire. La terminer pour le premier, repartir sur de nouvelles bases pour la seconde. Peter, lui, semble se laisser porter. Cet objectif, ou son absence, va influencer les décisions de chacun durant l’année scolaire. Mais ce qui c’est passé avant le lycée continue à avoir son influence, malgré de bonnes résolutions et cela viendra gravement impacter certaines de leur réaction. Je ne souhaite pas en dire plus afin de préserver le plaisir (voir le choc) de la découverte pour d’éventuels futurs lecteurs.

Pour conclure, Anthony Breznican nous parle avec justesse de sujets difficiles : l’adolescence, la place dans la société, le bizutage, grâce à une d’amitié, qui transcende tout. L’histoire est dure et nous prend aux tripes, mais elle vaut le coup!

 

« Il avait notamment appris cette leçon simple – que beaucoup apprennent à cet âge : surprise ! les gentils ne gagnent pas toujours. Parfois, avec un peu de chance, ils restent quand même des gentils. »

Trolls & Licornes : anthologie 2015 des Imaginales dirigée par Jean-Claude Dunyach

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Direction : Jean-Claude Dunyach – Auteurs :  Raphaël Albert, Pierre Bordage, Lionel Davoust, Jeanne A. Debats, Silène Edgar, Estelle Faye, Sophie Jomain, Sylvie Miller et Philippe Ward, Olivier Paquet, Adrien Tomas –  Editions : Mnemos   – Parution :  05/06/15 – 206 pages – prix : 18€ – genre : nouvelles, Fantasy

 

Quatrième de couverture:

Quoi de commun entre la lourdeur disgracieuse d’un troll et la noble légèreté d’une licorne ? Entre une créature que la légende populaire associe à la virginité et une autre qui patauge dans la boue des bas-fonds ? Dix auteurs (dont un bicéphale) ont imaginé des rencontres improbables entre ces deux figures classiques de l’imaginaire, pour bousculer un brin les évidences et rappeler que les contes sont faits pour être détournés. L’anthologie comporte des textes plus gais que désespérants, l’époque ayant bien besoin de tendresse, d’humour et de licornes. De trolls aussi, soyons justes…

 

Quelques mots : 

Voici venu le temps des rires et de la traditionnelle lecture commune post Imaginales!!! Qui, que, quoi? hein ? Je vous explique : pour la troisième année consécutive, je lis l’anthologie des Imaginales en lecture commune avec Snow et Blackwolf. Un grand moment de l’année, à n’en pas douter. Je n’avais toujours pas écouté la table ronde des Imaginales qui présentait l’anthologie, heureusement les podcast d’actuSF sont là, donc je ne savais pas à quoi m’attendre, à part à des Licornes et des Trolls bien sûr!

Mon avis :

Ne changeons pas les recettes qui gagne, je vais vous parler des textes un à un :

  • Préface de Jean-Claude Dunyach

Changement cette année, après trois ans de duo Davoust-Miller, c’est au tour de Jean-Claude Dunyach de diriger l’anthologie. La préface nous met bien en appétit, avec un début très sérieux sur l’histoire des trolls et des licornes, mais qui dérape vite vers les blagues de second degré et quelques allusions scabreuses, pour notre plus grand bonheur. Une préface qui m’a m’a beaucoup plu et très prometteuse.

 

  • Jötnar de Jeanne-A Debats

J’ai été un peu perdue au début de ma lecture. Suite à la préface, je ne sais pas pourquoi,  j’ai cru que l’auteur allait partir sur une parodie. Que nenni, ici le récit est très sérieux, construit comme les mythologies nordiques. Le texte est vraiment très bien écrit et à la fin de la nouvelle, on a l’impression d’avoir lu un livre entier. Le bémol, je bloque un peu sur la mythologie, le plus, une licorne bien loin des  » gentilles licornes ».

 

  • La chasse à la licorne d’Estelle Faye

Ce texte m’a beaucoup plus ! Je me suis laissée bernée par l’auteur, sur l’identité de la licorne, même si Blackwolf avait tout compris, lui.  Une nouvelle dans un univers classique de fantasy, qui m’a bien fait sourire. Il y a deux duos, les méchants et les gentils. Les gentils sont très sympathiques et marrant, les méchants (les nobliaux) se font rouler et c’est délectable.

 

  •  Ekasrinn de Pierre Bordage

Les nouvelles de Pierre Bordage m’avaient laissée de marbre dans les deux précédentes anthologies. Quelle surprise avec celle-ci! L’auteur nous propose un troll humain, sous la forme d’un jeune de banlieue particulièrement agressif. Certes il utilise pas mal de raccourcis pour décrire les banlieues (genre le meilleur ami qui est parti en terre sainte…), la licorne aurait sans doute été plus intéressante si elle avait été moins réelle… mais mon petit côté fleur bleue s’est laissé attendrir par le discours sur l’amour et j’ai trouvé le personnage principal très bien décrit, ainsi que les rapports humains foireux. En tout cas cette nouvelle qui prend la forme d’un conte moderne, est originale.

 

  • Bienvenue à Magicland de Lionel Davoust

Ah! Du fun, beaucoup de fin avec cette nouvelle!!! Le troll de l’histoire travaille dans un parc animalier et s’occupe des licornes. Voilà pour le décors Au passage, je précise que les licornes pètent des arc-en-ciel, envoi des nuages de paillettes quand elles se déplacent…. elles ont donc tout le côté « mimi » du stéréotype de la licorne moderne, mais elles sont aussi carnivores, là on retrouve le côté plus mythologique du bestiaux. En tout cas, cela fait un joyeux mélange. Notre troll ayant beaucoup d’états d’âme, nous allons le suivre dans ses séances de psychanalyse. C’est très bien trouvé. Avec beaucoup d’humour, Lionel Davoust nous donne quelques pistes de réflexion sur ces fameux parcs animaliers. Le bonus : le secret de la reproduction de la licorne.

 

  • Touellerezh de Olivier Paquet

Voici une nouvelle un peu frustrante. En effet, l’auteur nous propose un scénario intéressant, ici on touche plus à l’urban fantasy avec une licorne conseillère de la royauté, avec de nombreuses idées, de la magie… Mais parfois les transitions sont un peu bancales et l’histoire s’avère en fait trop condensée. Donc une nouvelle frustrante, car j’ai le sentiment qu’il y avait de quoi faire beaucoup plus avec ce texte.  Mais j’ai quand même passé un bon moment.

 

  • Le troll médecin de Silène Edgar

Ce texte est écrit à partir du texte de Molière, que je ne connaissais pas. Donc pas de comparaison possible pour moi. J’ai surtout apprécié le début où le monde est présenté. Il est très originale, assez caricaturale certes, mais drôle (les trolls sont les lettrés de l’histoire, les licornes sont belles, mais stupides). La fin m’a moins passionnée, mais elle portait bien la réflexion sous-jacente. En effet, l’auteur nous propose un texte sur l’importance de la lecture, de l’éducation, porté par une nouvelle amusante.

 

  •  Le double destin du taquin  (ou Comment parfois reculer au lieu de jouer au Malin pour ne pas se faire… Bousculer) de Raphaël Albert

Le recueil mérite d’être lu rien que pour cette nouvelle! Sous la forme d’un poème, l’auteur nous narre les déboires d’un farfadet. Oui, vous avez bien lu, un poème, alternant vocabulaire châtié et argot, bourré d’humour. C’est simple, j’ai rigolé tout du long. Les rimes sont riches (empalement, dans le fondement) et la chute (douloureuse pour certain) surprenante !

 

  • Les yeux du troll de Sophie Jomain

Cette nouvelle est très mignonne. C’est un conte pour enfant. La forme est très classique, la fin sans surprise. Même si c’est très bien écrit, cela fait très bizarre après le texte de Raphaël Albert.

 

  •  Trolls, Licornes et Bolognaise de Adrien Tomas

L’auteur reprend tous les stéréotypes de l’urban fantasy, versant héroïne badass, pour mon plus grand bonheur. Je lirais avec plaisir un texte plus long avec la même héroïne. Le gros bémol, c’est la fin. Elle est très rapide, genre j’ai aqua-poney, il faut que je vous laisse, vite il faut que je conclue. Le petit bémol, ça manque de baston.

 

  • Dans la tête de Georg Trollevitch de Sylvie Miller et Philippe Ward

Les auteurs nous présentent une sorte de fan fiction des Imaginales, dont les personnages principaux sont des auteurs régulièrement présents et un fan incontournable. Même si j’ai apprécié reconnaître les lieux, les personnes, j’avoue ne pas avoir accroché à l’humour, un peu trop scatologique à mon goût.

 

En conclusion, une anthologie sans mauvaise surprise, avec des textes très variés que ce soit dans le style que dans les histoires. Le niveau global est plutôt bon et j’ai apprécié la plupart des univers développés, avec un coups de cœur pour la nouvelle de Raphaël Albert. A l’année prochaine pour l’anthologie 2016 !

 

Les avis de mes co-lecteurs de choc : Snow, Blackwolf.

D’autres avis chez : Bibliocosme

 

Bonus :

Vous n’aurez pas la teneur de nos échanges, mais en vrac je peux vous dire que nous avons parlé de : courgettes, messagerie rose, rats, mariage, tupperware, chat….mais aussi urban fantasy, lecture en VO….

n° 2  n°2

Délivrez-nous du mal de Romain Sardou

 

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Auteur : Romain Sardou –  Editions : Pocket – Parution : 03/09/09 – 448 pages – prix : 7,70 € – genre : policier, fantastique, historique, 

 

Quatrième de couverture:

Hiver 1288. Dans une paroisse isolée du Quercy, une troupe d’hommes en noir s’empare d’un enfant. Refusant d’admettre le pire, le prêtre du village, le père Aba, se lance à la poursuite des ravisseurs. 
Au même moment, à Rome, l’éminent enquêteur Bénédict Gui accepte une nouvelle mission : retrouver un jeune homme employé par l’administration du pape. Lui aussi a été enlevé par des hommes en noir. 
Disparitions d’enfants qui se multiplient, archives escamotées, cardinaux assassinés… Dans ce Moyen Âge ou le pouvoir de l’Église est plus fort que jamais, un drame se prépare. 

 

Quelques mots :

Certains s’interrogent du pourquoi d’autant de challenges? J’aime bien les échanges, donc cela répond en partie à la question. De plus, cela me fait farfouiller dans ma pal et sortir des livres qui y dorment. C’est le cas ici.

 

Mon avis :

Cette lecture s’annonçait plutôt bien (c’est mauvais signe, je sais, d’utiliser le passé). Elle présentait un certain nombre d’éléments pouvant me plaire entre le mélange : moyen âge, enquêtes, pouvoirs obscures de l’église ect. Durant la lecture ces différents éléments sont bien retrouvés, avec le fantastique qui s’invite en plus en cours de route. Mais malgré cela, la sauce n’a pas pris. Et là, c’est le drame ! car j’ai bien du mal à expliquer pourquoi. J’ai trouvé certains éléments un peu téléphoné, ATTENTION SPOILER!!!! par exemple pour le petit Perrot, un enfant dont on suit l’enlèvement, forcément c’est l’enfant du prêtre. Pourquoi? qu’est-ce que cela apporte? Sur la part fantastique, le doute aurait pu planer sur les miracles produits, là ce sont des vrais miracles, j’ai envie de dire mouef. J’ai bien du mal à trouver ce qui a cloché dans ma lecture. Je pourrais ajouter une fin très rapide, qui sert les dénouements à la pelle, un peu plus de développement n’aurait pas fait de mal.

Au niveau écriture, rien à redire, c’est bien écrit. L’alternance se fait entre les récit ayant le père Aba comme personnage principale, puis Bénédict Gui. Leur histoires s’expliqueront conjointement à la fin du récit. Une construction assez classique pour tenir le lecteur en haleine. Mais pour une fois, cela n’a pas fonctionné avec moi.

Les personnages principaux sont nombreux, je retiendrais le père Aba, plutôt père que prêtre, qui tente le tout pour le tout pour retrouver son fils et Benedict Gui, qui comme le dit son enseigne a réponse à tout. Avec lui je touche le doigt de ce qui m’ a le plus manqué dans ce récit. Il est présenté comme faisant des enquêtes fabuleuses, trouvant toutes les réponses… Mais, on ne va pas beaucoup suivre ses enquêtes, il va tout découvrir sans que l’on sache comment et je trouve cela très frustrant.

Pour conclure, une lecture facile qui pourrait coller avec l’été et la plage, mais qui ne m’aura pas passionnée, malgré des éléments prometteurs.

 

 « Nous »

Chant pour enfants morts de Patrick Brisebois

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Auteur : Patrick Brisebois –  Editions : Le Quartanier, Série QR – Parution : novembre 2011 – 184  pages – prix : 18 € – genre : contemporain

 

Quatrième de couverture:

Chaque génération répète les erreurs de la précédente, mais chacune vit à sa manière ses peurs profondes. Isidore Malenfant est un écrivain de science-fiction raté. Comme pour son père Théodore, c’est avec les femmes que surviennent ses problèmes. Avec les femmes belles et fantasques, parfois brisées par le chagrin et la folie, avec les filles androgynes et les créatures ambiguës. Il s’installe un temps avec la charnelle Marilyn, mais celle-ci part pour Paris et le laisse seul. Peu à peu, quelque chose s’immisce dans la vie d’Isidore, un visage, une silhouette, alors qu’en kaléidoscope repassent les moments anxiogènes de sa jeunesse. Si c’est à Redfield Park qu’a commencé son histoire, naissance et mort jumelées, pour plus tard se figer à Montréal, c’est par Redfield Park à nouveau qu’elle devra se poursuivre.

 

Quelques mots :

Quand Libfly a mis à l’honneur deux maisons d’édition québécoises, dans le cadre de La voie des indés, j’ai immédiatement été tentée. L’accent québécois me fascine et je ne désespère pas, un jour, d’aller visiter une partie de ce beau pays.

 

Mon avis :

Avec une telle quatrième de couverture, je m’attendais à un roman complètement déjanté. Au final, l’adjectif est même trop léger pour décrire ce livre. Au début, on peut rire en découvrant le personnage d’Isidore, qui est passé maître de l’auto dérision. Il est désœuvré, sans illusion sur la vie. Le lecteur découvre comment il fout sa vie en l’air, sur fond d’ambiance no future éthylique. Mais rapidement cela disparaît pour laisser place à un univers sordide. La suite du livre nous fait découvrir ses parents, son enfance. On découvre une mère pas très stable psychologiquement et un drame familiale qui pourrait expliquer le naufrage d’une famille vaguement équilibrée au départ, un enfant mort né, la jumelle d’Isidore. Mais parfois, on doute, est-ce la réalité qui est décrite ? ou un rêve éveillé ? on ne sait pas. J’en suis venue à me demander, si j’avais affaire à un récit fantastique avec de vraies monstres, ou  uniquement à des représentations fantasmagoriques des démons intérieurs des personnages. Est-ce réel ou pas? On ne le saura jamais, l’auteur ne nous donne pas de réponse. J’ai donc terminé ma lecture, désemparée.

Il faut dire que l’écriture est très particulière et sert parfaitement cette histoire folle. Le début est facilement lisible, mais la deuxième moitié est plus cacophonique. Suivant les chapitres, l’écriture change. On passe d’un récit linéaire, à des textes hallucinés, dont la trame est hachée. Cela m’a rappelé une lecture de William Burroughs, où l’histoire se devine dans un semi-chaos narratif.

Isidore, sacré personnage ! Cela prend du temps, de remettre bout à bout les petits morceaux de son histoire. Une fois ce travail fait, le lecteur comprend l’état de mal-être dans lequel il vit et pourquoi il s’autodétruit. Mais au départ, on ne peut que constater que c’est un raté, un brin nuisible pour les femmes. Il faut dire que ses parents ne sont pas mal non plus, notamment sa mère. Est-elle complètement folle ? Difficile à savoir. Et son père, absent, n’aide pas. Vous l’aurez compris Patrick Brisebois nous dépeint des personnages hauts en couleur.

Pour conclure, si le titre rappel le poème de Friedrich Rückert « Chants pour des enfants morts », je ne pense pas que c’est un hasard. Patrick Brisebois a écrit un livre très sombre, poétique et triste. Le texte est porté par l’écriture, aussi déjantée que ce qui arrive aux personnages, au point, parfois, d’en perdre le lecteur. Une lecture étrange qui laisse des marques.

 

« Le monde s’atrophie, et les gens perdent le sens de la réalité. ils oublient pourquoi ils sont venus au monde. Ils oublient tout. Pourquoi ont-ils peur que plus personne ne les aime ? Quelque chose ne tourne pas rond. Plus le monde tourne, plus tout s’écroule, et plus il y a de pleurs. Il ne faut jamais regarder les gens dans les yeux, ne jamais leur demander leur numéro de téléphone, ne jamais compter sur qui que ce soit. »