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Auteur : Virginia Woolf – Traducteur : Marie Darrieussecq – Edition : Denoël, Collection Empreinte – Parution : 14/01/2016 – 176 pages – Prix : 13 € – Genre : essai
Quatrième de couverture :
Un lieu à soi rassemble une série de conférences sur le thème de la fiction et des femmes que Virginia Woolf prononça en 1928 à l’université de Cambridge. Ce vaste sujet a donné naissance à une tout autre question, celle du lieu et de l’argent, qui donne son titre à l’essai : «Une femme doit avoir de l’argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction.» À la manière d’un roman, et s’appuyant sur l’histoire littéraire, Virginia Woolf retrace ainsi le cheminement qui l’a conduite vers cette célèbre thèse, qui reste incontournable de nos jours.
Chef-d’œuvre de la littérature féministe, Un lieu à soi brille d’un nouvel éclat sous la plume de Marie Darrieussecq. Jouant de l’humour et de l’ironie de Virginia Woolf, cette traduction propose une remise en perspective essentielle de la question de l’écriture et des femmes au sein de la littérature contemporaine.
Mon avis :
Virginia Woolf, un nom tant entendu mais que je n’avais jamais lu. J’ai profité de cette nouvelle traduction pour la découvrir. Marie Darrieussecq partage son amour de l’auteur dans le prologue et en neuf pages, elle a réussi à me donner envie de dévorer le livre. Elle explique également son choix pour la traduction du titre et j’ai trouvé cette explication très intéressante (le tire original est A Room of One’s Own, la traduction de « room » en « lieu » a donc pu prêter à polémique).
Le livre fait certes peu de pages, mais sa lecture s’est avérée très dense. Intervenant à des conférences de l’université de Cambridge, sur le thème de La fiction et les femmes, Virginia Woolf retrace la place des femmes dans la littérature depuis les siècles passés jusqu’à son présent. La réflexion va bien entendu au delà des seuls livres, englobant les conditions de vie, d’éducation, de liberté des femmes…. et l’impact que cela a pu avoir sur leur écriture. J’ai beau savoir d’où l’on vient en terme de droit, j’ai quand même eu du mal à lire ces rappels d’injustices, qui sont terrifiants pour une femme née à la fin du XXème siècle. Pourtant l’objet de l’auteur n’est pas de tenir des comptes, de se lancer dans de grandes récriminations contre la société, les hommes, ou encore de demander des réparations. Au contraire, elle invite les femmes qui souhaitent écrire à aller au de là, à s’affranchir de la colère. Son propos est de démontrer que les femmes ont besoin d’indépendance financière, d’avoir « un lieu à soi », afin de pouvoir écrire des romans, des poèmes, de qualité.
Difficile à lire donc, mais au combien instructif. Chaque page pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une citation. Si la démonstration est un peu difficile à suivre au départ, elle est vraiment bien construire. Virginia Woolf semble suivre le chemin de ses pensées et nous emmène dans son vagabondage dans les universités et les bibliothèques.
Pour conclure, mes mots semblent bien légers et hésitants pour parler de cet essai que je ne peux que vous engager à lire. Une lecture marquante et une auteur dont je brûle de découvrir les autres écrits !
« Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. »
D’autres avis chez : Felina, Ramettes…