Quatrième de couverture :
« Son épée lui battait les bottes. Le gel avait durci le chaume
qui hérissait les plaines et serait brûlé au printemps pour les nouvelles
semences. Les craquements des tiges de paille sous les chaussures de l’Elfe
facilitaient la poursuite. Il lui sembla qu’il gagnait du terrain sur
la fugitive. Il se devait, il lui devait, de la tuer de près, corps à corps,
de recevoir sa dernière exhalaison comme une douce récompense,
de la fixer dans les yeux lorsqu’elle franchirait le seuil. »
Réalisée en partenariat avec les Imaginales, le festival d’Epinal où les plus grands auteurs de l’imaginaire se retrouvent chaque année, l’anthologie Elfes et Assassinss’inscrit dans la lignée de Rois et Capitaines, de Magiciennes et Sorciers, de Victimes et Bourreaux et de Reines et Dragons, des recueils salués par une critique enthousiaste qui y voit le meilleur de la fantasy francophone.
Les elfes sont beaux, puissants, séducteurs ; ou bien sombres, dominateurs et effrayants… Dans l’ombre, les assassins se montrent froids, méthodiques, grisés par la chasse, mais ils sont parfois fragiles, rongés par le doute, ou encore poussés par une cause qui les dépasse. À travers toutes les nuances de la fantasy, médiévale, héroïque, urbaine voire post-apocalyptique, découvrez leurs aventures et leurs mystères, de la tragédie à l’humour, de l’épique à l’émotion – entrez dans la danse des Elfes et Assassins !
Voilà une belle façon de prolonger les Imaginales, lire l’anthologie de l’année en prenant son temps et en partageant sa lecture avec Snow et Blackwolf. Cette anthologie va également me servir de cobaye, car c’est la première que je chronique.
Mon ressenti :
Tout d’abord un petit tour des différentes nouvelles, une véritable occasion de découvrir tous ces auteurs français que je n’ai jamais lu (oui je l’avoue).
- Pierre BORDAGE, La Dernière affaire de Sagamor
Voici un récit très bien écrit. L’auteur arrive à nous entraîner en quelques paragraphes dans la traque menée par son assassin. Malheureusement l’approche est très classique et ne révèle pas de surprise.
- Raphaël ALBERT, La Seconde Mort de Lucius Van Casper
Le mode épistolaire implique directement le lecteur dans l’histoire. L’écriture de l’auteur est très plaisante et pleine d’humour « Dans la salle du bar tabac de la rue des satyrs ». Le monde dans lequel évolue le héros m’a également énormément plu : un Paris ou se mélangent humains, elfes, pixies, sorciers… Par contre j’ai trouvé l’histoire un peu plate, dommage.
- Nathalie LE GENDRE, La Légende d’à peu près Punahilkka
Je m’interroge toujours sur le titre… Comme je me suis interrogée sur la fin de l’histoire que je n’avais pas bien compris (merci mes trinômes de lecture pour l’explication). La façon de narrer l’histoire est captivante, car elle l’est par un conteur et je me suis retrouvée comme son apprenti à attendre la suite de son histoire à chaque interruption. L’histoire est au départ assez classique et m’intriguait mais je n’ai pas adhéré avec la fin.
- Anne DUGUËL, Le Sourire de Louise
Un conte de fée qui vire au cauchemar. Le récit tient plutôt du fantastique que de la fantasy. L’auteur manie le suspens avec brio et l’angoisse monte progressivement. De quoi vous donner des cauchemars, avec des petites fées. Les elfes ne sont pas vraiment là, mais les assassins sont bien présents. Une nouvelle qui dénote (en bien).
- Jean-Philippe JAWORSKI, Le Sentiment du fer
J’ai eu du mal avec le style de l’auteur, surtout avec le vocabulaire utilisé. Je pense qu’il faut avoir déjà lu du Jaworski avant pour pleinement apprécier la nouvelle. J’aurais même voulu avoir un glossaire… L’elfe de l’histoire semble un peu parachuté, il aurait aussi bien pu être un chevalier.
- Anne FAKHOURI, Du rififi entre les oreilles
L’introduction nous plonge directement dans le bain et celui-ci est particulier, on y croise des elfes et la mafia. Les échanges sont plein de gouaille et amusant. Franchement un elfe qui fait de la psychanalyse à des assassins de la mafia, c’est plutôt hasardeux? Et c’est complètement réussi. Alors bravo, même si la fin est un peu facile, mais il fallait bien qu’il y ait une fin. Une lecture qui donne le sourire.
- Rachel TANNER, La Nature de l’exécuteur
Je n’ai pas du tout adhéré à la place donnée à l’actualité (manifestation contre l’implantation d’un aéroport à notre Dame des Landes) dans la nouvelle. Le mélange n’a pas pris.
J’ai apprécié l’écriture presque poétique. Le texte est décousu, ce qui établi un parallèle avec l’état de son héros, qui ne sait plus que faire, comment vivre dans un pays en déliquescence. Par contre je ne suis toujours pas sure d’avoir compris la fin (et là on est trois dans ce cas). Mais j’ai quand même aimé.
- Jeanne-A DEBATS, Eschatologie du vampire
Dès le début, le ton est donné, beaucoup d’humour distillé par un vampire désabusé. J’ai adoré ce personnage et les descriptions qu’il fait de son contact, une elfe. L’emprise qu’elle a sur les personnages, dont le héros, est très bien décrite, les phrases la présentant sont toujours complétées de la manière suivante : par exemple il parle de ses doigts de pied et la phrase est aussitôt complétée par ongles nacré perles d’eau douce. L’histoire est vraiment originale et les situations les plus improbables s’enchaînent pour finir sur un couple gay Antéchrist-fils caché de la reine des elfes (un joli clin d’œil à l’actualité). Ce curieux mélange fonctionne à merveille, sans lourdeur. Ma nouvelle préférée de l’anthologie.
- Xavier MAUMÉJEAN, Elverwhere
Le début de la nouvelle est assez dure, l’humanité a été écrasée par les elfes et vie sous leur joug. A nouveau une utilisation du thème des elfes qui change. Le héros fait partie d’une conjuration mais quel jeu joue-t-il? Double? Triple? Un jeu de dupe sur fond de révolte que j’ai vraiment apprécié.
- Fabrice COLIN, Sans Douleur,
L’auteur à une façon très originale d’utiliser le thème des elfes. Ils sont au cœur d’un conte, d’une fable, où ils font disparaître les personnes, aussi bien physiquement que leur souvenir. La nouvelle n’est pas très longue, mais on n’en attend pas plus.
- David BRY, J’irai à la clairière
Le thème développé est intéressant : l’opposition entre l’église et les croyances populaires, la première jalouse la seconde qui s’avère efficace pour le peuple. Au delà de cet intérêt, je n’en n’ai pas trouvé d’autre.
- Johan HELIOT, Grise Neige
L’auteur nous mène en bateau dans cette nouvelle, le héros que l’on croyait elfe n’en ai pas un, les assassins font parti de notre histoire… Cette nouvelle qui semblait s’apparenter à la fantasy s’avère ancrée dans le réel. Un tour de passe passe intéressant.
J’ai essayé de trouver qu’elle avait pu être la trame d’enchaînement des nouvelles, mais cela n’était pas évident : peut-être part-on des visions les plus classiques des elfes et des assassins pour arriver aux plus originales ? Ce fût une lecture en demi-teinte. J’ai vraiment adoré certaines nouvelles, qui m’ont donné envie de découvrir d’autres œuvres de l’auteur, d’autres m’ont laissée indifférente.
Cette lecture a été fortement enrichie par les échanges que j’ai partagé avec Snow et Blackwolf et je vous invite à aller découvrir leur avis sur leur blog.