La tour des damnés de Brian Wilson Aldiss

Quatrième de couverture :

En 1968, Brian Aldiss imagine une expérience aux proportions babyloniennes pour mesurer les effets de la surpopulation.

 

L’histoire :

La quatrième de couverture étant assez brève, je vais la compléter par un texte issu de la présentation du livre sur le site internet des éditions Le passager clandestin : « Début du XXIe siècle. La terre semble avoir résolu ses problèmes de surpopulation et de famines. Et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, s’il n’y avait « la Tour ». Mélange de plastique, de béton et d’acier, le fameux édifice – dix niveaux de cinq étages chacun – a été érigé en Inde en 1975 dans le cadre d’une expérience. À l’origine, 1 500 volontaires – dont 500 couples – de moins de 25 ans y furent introduits afin d’étudier le comportement d’individus soumis au confinement. 25 ans plus tard, 75 000 personnes pullulent à l’intérieur. Le conditionnement a si bien fonctionné que personne ne semble vouloir sortir, ni même imaginer qu’une autre réalité extérieure soit possible. Pourtant, un certain Thomas Dixit est chargé de mesurer l’intérêt de poursuivre l’expérience de La Tour. »

 

Mon ressenti :

Le début du livre est très prenant car le lecteur se retrouve plongé dans la vie de la tour. On commence par la tour à la fin, une fois vidée de ses habitants, puis l’auteur revient en arrière et nous plonge dans le quotidien des habitants durant l’expérience. Cela rend les conditions de vie, la surpopulation encore plus marquants. La suite est tout aussi intéressante, le lecteur va pouvoir observer les interactions entre une personne de l’extérieur et ces habitants vivant dans un milieu confiné. Par contre la fin est un peu décevante car elle se situe trop tôt dans le déroulement des événements.

Le style de l’auteur est très efficace puisqu’en quelques mots il arrive à nous faire visualiser les conditions de vie dans cette tour infernale ou encore à nous faire comprendre les sentiments des personnages. Il est, de plus, très agréable à lire.

Difficile de parler d’un personnage en particulier, ils sont nombreux, reflet de la multitude qui peuple la tour. Les personnages de l’extérieur Dixit et Crawley sont bien entendu plus détaillés, puisqu’ils ont un rôle important à jouer dans l’avenir de la tour. Mais je garde une certaine affection pour cette multitude grouillante et anonyme.

J’ai particulièrement apprécié le début du livre, quand la vie dans la tour nous est présentée, que le décors est planté et qu’en même temps nous pouvons lire les réflexions d’une des personnes du dehors, Dixit. Je n’ai pas aimé les passages où l’auteur expliquait que cette expérience avait pu être menée sur des hindous, car du fait de leur religion ils acceptaient leur destin. Ceci dit « les races blanches » (dans le texte) en prennent aussi pour leur grade. 

Voilà un texte bien cours, mais riche en idées et réflexions sur la société (l’éthique et la science, la capacité d’adaptation de l’homme, ou encore les problèmes de compréhension entre personnes ayant des modes de vie différents). J’en ai vraiment apprécié la lecture,d’autant plus que la mise en page est très agréable. Par contre j’ai regretté que l’auteur n’aille pas plus loin dans ses réflexions et ne prennent pas en compte la réinsertion des habitants de la tour une fois sortie de celle-ci. De plus les réflexions de l’auteur sur les Hindous  m’ont dérangée. Je salue la présentation et notamment la « synchronique du texte » à la fin du livre qui introduise l’auteur et présente l’écriture du texte dans son contexte. C’est un vrai plus.

 

Merci à Babelio et aux éditions Le passager clandestin qui m’ont permis de découvrir ce livre dans le cadre d’une opération Masse Critique.

 

 

L’une rêve, l’autre pas de Nancy Kress

Quatrième de couverture :

Alors que deux jumelles viennent au monde, l’une d’entre elles bénéficie d’une modification génétique qui lui permet de ne plus dormir. Huit heures d’éveil de plus par jour, un rêve pour apprendre, vivre et découvrir le monde… Huit heures qui feront aussi d’elle, un être à part.

 

Mon ressenti :

L’auteur nous plonge immédiatement dans l’histoire avec ce père qui veut SA fille parfaite, non dormeuse. On comprend immédiatement que le couple bat de l’aile et qu’ici il est question de répondre à la demande du père. Ceci va permettre de mieux appréhender dans le reste de l’histoire les relations entre les jumelles, l’une adulée car non dormeuse (Leisha), l’autre ignorée car « normal » (Alice). Le choc en sera d’autant plus difficile pour Leisha lorsqu’elle sera confrontée à la société. Le texte est assez cours, je l’ai dévoré d’une traite. L’histoire m’a tenue en haleine jusqu’à la fin et celle-ci m’a beaucoup plus. Une touche d’espoir ne fait pas de mal.

Le style est très fluide. L’auteur arrive en quelques mots à décrire le cadre, à situer les personnages. Il y a beaucoup de dialogues qui rendent le texte très dynamique. Cela permet également de faire se confronter directement les idées opposées des protagonistes.

J’ai aimé les personnages des jumelles, mais forcément de façon différente : Leisha pour son intelligence, sa naïveté, sa gentillesse et Alice la révoltée, la laissée pour compte. Par contre leur père m’est insupportable du fait de son comportement.

Le livre étant assez court, il est difficile de sélectionner un passage en particulier. S’il le fallait, peut-être la fin quand Leisha porte un nouveau regard sur tout ce qu’elle a appris.

A travers cette histoire c’est bien la place de l’autre dans la société, l’acceptation et/ou le rejet de la différence qui est traité. Un livre qui fait se poser des questions, sans tomber dans une moralisation facile. Accepter l’autre ou pas? L’aider ou pas? Mais est-ce si simple? Le thème m’a d’autant plus marqué, que j’ai lu ce livre en plein débat sur le mariage pour tous… Une histoire publiée pour la première fois en France en 1993, mais un sujet toujours d’actualité. A lire.

Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle

Point de quatrième de couverture pour cette anthologie de nouvelles de Lisa tuttle.

Elle contient les nouvelles suivantes :

  • Rêves captifs (Closet Dreams)
  • L’Heure en plus (The Extra Hour)
  • Le Remède (The Cure)
  • Ma pathologie (My Pathology)
  • Mezzo-Tinto (« The Mezzotint« )
  • La Fiancée du dragon (The Dragon’s Bride)

Quelques mots de la traductrices et anthologistes : 

En 2004, j’ouvrais mon recueil Serpentine sur cette dédicace : À Lisa Tuttle, dont les livres m’ont appris que les plus effrayants des fantômes sont ceux qu’on porte en soi. Ils étaient toujours là, ces fantômes : entre les pages des textes que je découvrais en cherchant la matière qui composerait ce recueil.  Mélanie Fazi

 

Première tentative de parler d’un recueil de nouvelles… En plus je l’ai beaucoup aimé ce qui rend les choses plus difficiles pour moi.

Certaine des histoires sont fantastiques. Elles sont bien ancrées au départ dans le réel, la vie de tous les jours de tout un chacun, puis apparaît un élément impossible, étrange. D’autres font plus science fiction comme le remède. Les thèmes abordés m’ont particulièrement touchés en tant que femme, ils ont trait à l’amour, la grossesse, la maternité mais également le viol. Ces histoires m’ont plutôt inquiétée voir effrayée.

L’écriture de l’auteure est belle et très agréable à lire. Elle nous emporte dans ses histoires et nous garde prisonnier de son univers angoissant. La couverture du livre n’illustre pas une histoire en particulier, mais elle est très esthétique et pour moi elle illustre donc parfaitement le style de Mélanie Fazi.

S’il fallait choisir une nouvelle, je choisirais Le remède. L’idée d’une absence de communication entre êtres humains (aucun langage qu’il soit oral, écrit, signé…) est très dérangeante voir inquiétante. Est-on toujours humains si l’on ne communique pas? Et s’il y en avait une à enlever ce serait « rêve captif ». L’histoire est trop horrible tout simplement.

Aucune des nouvelles ne m’a laissée indifférente. J’ai eu beaucoup de frisson, de peur, de stress, de gêne, d’inquiétude… mais c’était bon et très bien écrit! Heureusement qu’il s’agissait toute fois de nouvelles, je ne pense pas être capable de tenir un livre entier.

Pour vous faire une idée, une nouvelle de Lisa Tuttle est disponible gratuitement en format numérique chez Dystopia.

 4/26

6 JC pour sauver le Monde de Vincent Pernal

Quatrième de couverture :

 2nn8, un futur proche indéterminé ou alternatif.
Plusieurs décennies se sont écoulées depuis l’invention du gaz moutarde, la séparation de Pink Floyd, ou l’apparition du DVD Blu-ray. Aujourd’hui, la fusion nucléaire est acquise. La lune grise se colore. Les yeux se tournent vers la planète rouge. Le présent n’est pas tout rose, mais l’Homme vit toujours en espèce dominante sur sa planète bleue, malgré les nombreuses menaces qu’il s’est lui-même créé ce dernier siècle. Enfin… Vivre est peut-être un peu exagéré. La majorité d’entre eux tente de survivre comme elle le peut dans les dangereuses jungles urbaines que sont devenues les villes d’un monde régi par une économie sans pitié. Beaucoup broient du noir, et ne croient plus en un futur doré. Moins nombreux sont ceux qui rêvent encore à des lendemains meilleurs. Parmi eux, il y a un agent secret qui aimerait bien résoudre rapidement sa nouvelle enquête. Et il y a surtout six jeunes scientifiques idéalistes qui construisent une étrange machine…

 

Rappelez-vous, ce livre faisait parti des livres présenté pour la sélection « Coups de coeur pour auteurs peu médiatisés  » 2013 et j’avais bien envie de le lire. C’est chose faite, puisque l’auteur m’a gentiment envoyé la version numérique du livre.

 

L’histoire en quelques mots :

Le lecteur va suivre les aventures de 6 JC (prénoms commençant par J, nom de famille par C), esprits brillants créés par des manipulations génétiques. Ceux-ci souhaitent construire une machine à remonter le temps afin de modifier le monde tel qu’il est et de le rendre meilleur.

 

Mon ressenti :

Le lecteur est rapidement plongé dans l’histoire dès le début du livre. On apprend à connaître peu à peu des différents protagonistes. Cette découverte se poursuit tout le long du livre car le récit principal est entrecoupé d’histoires parallèles écrites par les héros, ou de petites histoires sur des personnages secondaires. Ces digressions personnellement m’ont freinée dans ma lecture. Même si elles étaient intéressantes dans leur unité, je n’ai pas forcément vu ce qu’elles apportaient de plus à l’histoire à part m’embrouiller parfois.

Le texte est très bien écrit. On imagine sans mal les différents personnages et leur environnement. Un bémol : j’aime beaucoup les blagues patachons et les calembours, par contre en faire un best off dans un roman de SF…. bof. Ça devient même lourd à force et c’est dommage.

J’ai trouvé très intéressant les projets de génies génétiques qui ont contribué à créer les 6 héros de l’histoires, ainsi que les présentations de leurs travaux de recherche (en gros ce qui fait SF dans le livre). J’ai moins aimé la visite de Toulouse de l’un de nos 6 JC, même si j’ai bien reconnu la salle de concert Le bikini, caché derrière le nom monokini (en gros tout ce qui est très proche de la vie « actuelle »).

Il y a beaucoup de personnages principaux : 6 héros, mais également beaucoup de personnages secondaires. Difficile d’en préférer un à un autre, faute de temps pour les connaître.

Vous l’aurez compris, cette lecture ne m’a pas emballée malgré une idée de départ intéressante. Les multiples histoires parallèles auraient peut-être dues être gardées pour d’autres textes, plutôt que de venir encombrer la lecture. Cela donne l’impression que l’auteur ne sait pas vraiment décidé sur le style de texte qu’il voudrait écrire :  » de la SF, oui mais je peux aussi faire autre chose, du contemporain, de l’historique, de l’espionnage….. »Les blagues a deux balles auraient pu aussi être distillées avec un peu de parcimonie.

Les montagnes blanches de John Christopher (trilogie des tripodes tome 1)

Quatrième de couverture :

A quatorze ans, Will Parker aurait été Coiffé et serait devenu un homme. Il y aurait eu une grande fête au village, tout le monde se serait réjoui – et un Tripode serait venu …
Les grosses machines étrangères connues sous le nom de Tripodes gouvernent la terre depuis des centaines d’années. La plupart des adultes en sont esclaves corps et âmes. Soumis par la Résille d’argent qu’ils doivent porter sur la tête, ils se plient à la loi des Tripodes et les vénèrent. Mais Will, qui observe les gens autour de lui, à commencer par ses amis et sa famille refuse cette fatalité.
Décidé à échapper à son destin, il se lance dans une longue et dangereuse expédition pour rejoindre un groupe rebelle d’humains non Coiffés, cachés dans les grottes des Montagnes Blanches…
Les péripéties de ce voyage forment la première partie de la trilogie des Tripodes.

Lelf avait parlé de ce livre et m’avait donné envie de le lire. Il a donc rejoint ma bibliothèque. Le challenge Un livre des mots, ayant choisi le mot (que j’avais proposé)  blanc …. 2 +3=9 c’était parti pour la lecture…

L’histoire en quelques mots :

Will était destiné à suivre la route toute tracée des habitants de son village. Au passage à l’âge adulte il serait coiffé d’une résille par un tripode. Mais le changement de caractère de son cousin suite à la cérémonie et la rencontre d’un homme non coiffé, vont changer sa vision du monde. Il décide de partir vers une contrée où les hommes ne sont pas coiffés. Le récit va raconter le début de son aventure, les difficultés mais aussi tentations qu’il pourra rencontrer.

 

Ma lecture :

Le début du livre nous plonge immédiatement dans ce monde ou les humains sont revenus en arrière par rapport au progrès scientifique. Ils se déplacent à pied et les montres sont des objets très rares. J’ai trouvé qu’il était très facile pour le lecteur de se représenter les paysages, les personnages. Bref, un début très plaisant. La suite du livre l’a confirmé.

C’est un livre jeunesse, le style est donc adapté pour des jeunes lecteurs. Cela ne m’a pas gêné, je trouve que la lecture convient également pour les adultes. On retrouve des images très classiques de science fiction, comme l’humanité, qui, revenue en arrière par rapport au progrès, découvre les vestiges de ce qu’elle a pu être dans le passé. L’auteur ne fait pas d’impair et je dirais que « la sauce prend bien ».

Le personnage de Will est attachant. Mouton au tout début, sa conscience s’éveille et le décide à fuir son destin. Mais ce n’est pas un héros sans peur et sans reproche et on le découvre très humain, sensible à la tentation d’un futur douillet à la place d’une quête vers l’inconnu. Cela lui retire de son glamour, mais ajoute de la valeur au caractère de son personnage

Il n’y a pas de moment que j’aurais plus aimé ou détesté. Certains passages sont un peu gentillets, mais il ne faut pas oublier que c’est de la littérature jeunesse.

Au final, une lecture sympathique, de la SF très classique, une quête initiatique. Je n’ai plus qu’à lire les deux tomes suivants!