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Auteur : Daniel Keyes – Editions : J’ai Lu, collection SF – Parution : 29/08/2012 – 543 pages – prix : 6 € – genre : SF.
Quatrième de couverture (pour un peu plus de suspens ne lisez pas le texte que j’ai mis en petit):
Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l’intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l’assistance de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d’esprit employé dans une boulangerie. C’est bientôt l’extraordinaire éveil de l’intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l’amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour les facultés supérieures d’Algernon déclinent. Commence alors pour Charlie le drame atroce d’un homme qui, en pleine conscience, se sent retourner à l’état de bête…
Cette édition augmentée contient, en plus du roman, la nouvelle originale « Des fleurs pour Algernon », ainsi que : l’essai autobiographique Algernon, Charlie et moi.
Mon avis :
Dans le genre classique, que tout le monde conseille, je voudrais… Des fleurs pour Algernon! J’avais un peu peur de m’attaquer à ce monstre de la Science Fiction. La chèvre grise m’a filé un coup de main en me le proposant dans le cadre du challenge Livra’deux pour pal’Addict. Le plus compliqué restant d’en faire la chronique.
En préambule, une petite déception due à la quatrième de couverture qui dévoile la fin du livre. Je pense que j’aurais encore plus apprécié ma lecture si je n’avais pas su comment allait évoluer Charlie. Mais bon, passons, revenons à nos moutons. Le début du livre est très surprenant, il prend la forme d’un journal intime écrit par Charlie, un adulte au QI très bas. Voici la première phrase : « Conte randu n°1 – 3 mars – Le Dr Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de mintenan. » Je crois que l’auteur n’aurait pas pu trouver de meilleur moyen pour nous faire appréhender le personnage de Charlie, sans tomber dans des descriptions politiquement correctes ou des comparaisons hasardeuses. Charlie en effet est très gentil mais pas très futé, c’est le moins que l’on puisse dire. Il accepte d’être le sujet d’une expérience visant à le rendre plus intelligent, car c’est ce qu’il a toujours voulu, d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Le lecteur va pouvoir constater cette évolution, notamment à travers l’écriture de Charlie qui change, en devenant plus complexe, plus riche.
L’auteur répond, ainsi, à la question qu’il s’était posée un jour (on l’apprend dans Algernon, Charlie et moi) : que se passerait-il si l’on pouvait rendre une personne beaucoup plus intelligente ? Le postulat et les réponses qu’apportent l’auteur sont passionnants. Loin de nous dépeindre un monde idyllique où l’accroissement phénoménale de l’intelligence serait sans conséquence, l’auteur explore les questions morales et éthiques, ainsi que les conséquences de cette modification : vaut-il être mieux ignorant et heureux ou intelligent, seul et triste, que se passe-t-il quand on dépasse l’intelligence de ses proches, qu’est-ce que l’intelligence, qu’est-ce qu’un être humain ect.
Ce qui m’a le plus plu, est la description des rapports humains et notamment ceux que Charlie a pu avoir avec sa famille. Il avait tout oublié et les choses lui reviennent par flash back. Mais il a beau être intelligent, il croit deviner son enfance uniquement à travers ses souvenirs. Daniel Keyes décrypte les sentiments, les comportements humains avec des mots très justes. De plus, son écriture est très agréable à lire. Le tout rend la lecture très intense !
J’ai trouvé cela très agréable de continuer ma lecture, après une fin, il faut l’avouer difficile, par l’essai autobiographique Algernon, Charlie et moi. Daniel Keyes revient sur sa vie, l’origine de sa passion pour l’écriture et sur la publication de la nouvelle éponyme qui reçu le prix Hugo de la Meilleure Nouvelle en 1960. On ne peut que se féliciter, que l’auteur est décidé d’en faire un roman six ans plus tard, qui reçu alors le Prix Nebula. L’essai s’insère parfaitement à la suite de la lecture du roman. Je ne suis pas sure que j’aurais apprécié de le lire indépendamment du texte.
Et l’on clôture la lecture de ce livre par la lecture de la nouvelle originelle. Une conclusion logique et une lecture rendue d’autant plus attractive par la lecture de l’essai.
Pour conclure, j’ai beaucoup apprécié la lecture de Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Le sujet de l’augmentation de l’intelligence est tout bonnement génial et l’auteur l’a développé avec génie. L’auteur dissèque les relations humaines avec dextérité rendant la lecture passionnante, mais parfois très dure. Cette édition augmentée permet au lecteur de découvrir avec plaisir l’origine de ce roman (et la vocation d’écrivain de Daniel Keyes), ainsi que la nouvelle a l’origine de tout. Ce qui permet de clôturer plus en douceur cette lecture.
« J’ai relu plus d’une fois mes comptes rendus. J’ai vu l’ignorance, la naïveté puérile et la faiblesse d’esprit de cet être misérable, enfermé dans le noir, qui regarde par le trou de la serrure pour capter un peu de l’éblouissante lumière du monde extérieur. »
D’autres avis (pas forcément sur l’édition augmentée) : Snow, Ptitetrolle, Jae-Lou, Rose, Sia, Herbefol, Tigger Lilly, Lorhkan…