L’Adjacent de Christopher Priest

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Auteur : Christopher Priest -Traduction : Jacques Collin – Couverture : Aurélien Police – Editions : Denoël, Lune d’encre – Parution : 18/04/2015  – 552 pages – prix : 24 € – genre : SF

 

Quatrième de couverture:

En Anatolie, l’infirmière Melanie Tarent a été victime d’un attentat singulier : totalement annihilée, elle n’a laissé au sol, comme seul vestige de son existence, qu’un impossible cratère noir et triangulaire. De retour en République Islamique de Grande-Bretagne, son mari, le photographe free-lance Tibor Tarent, apprend qu’un attentat a eu lieu le 10 mai à Londres, qu’il a fait cent mille morts, peut-être le double. Là aussi, la vaste zone touchée était inscrite dans un triangle parfait. Alors qu’il est emmené dans une base secrète afin d’être interrogé sur ce qu’il a observé en Anatolie (globalement rien, en dehors de l’étrange point d’impact), Tibor entend parler pour la première fois du phénomène d’adjacence. Mais à bien y réfléchir, est-ce vraiment la première fois ?

 

Quelques mots :

Après avoir découvert Christopher Priest l’année dernière en lisant , j’avais très envie de lire d’autres livres de cet auteur génial . Quoi de mieux que le dernier en date ?

 

Mon avis :

Je me suis replongée avec délices dans l’écriture de Christopher Priest. Je ne sais comment décrire sa plume, tout ce que je peux dire c’est que c’est un régal de lire ses textes. Il écrit parfaitement bien et j’ai l’impression que je pourrais le lire pendant des heures. Mais c’est peut-être mon cerveau qui n’y survivrait pas. Car si son écriture est très poétique, ses récits sont très complexes, bien que facile à lire.

Le livre débute dans un futur où les humains ont réussi à détraquer complètement le climat, où de nombreux pays sont devenus quasiment invivables. Pour bien ancrer cette cassure avec le monde que nous connaissons, l’auteur a fait de la Grande Bretagne une république islamiste traversée par des tempêtes tempérées. Je parle du livre car il est difficile de dire quand l’histoire débute. Nous y découvrons Tibor Tarent, qui vient de perdre sa femme Mélanie dans un attentat. Ces deux personnages seront le fil conducteur de l’histoire, le point de repère, pas vraiment fixe. L’attentat perpétré utilise le phénomène d’Adjacence, qui permet d’annihiler un lieu. Les chapitres suivants vont approfondir des points de ce début d’histoire, à travers des époques différentes : l’Adjacence, la guerre à travers la première, puis la seconde guerre mondiale…. et chaque bout d’histoire va servir de base à d’autres développements. Ainsi, le chapitre deux parle de la guerre, mais aussi d’un magicien et d’avions. Le thème de la magie sera réutilisé ultérieurement et les avions deviendront également un éléments récurrent du récit…

Les personnages de Tibor et de Mélanie sont présents dans les différents chapitres, souvent avec d’autres noms. On se perd un peu à savoir si l’on a bien affaire à l’une des variations de ces personnages ou à de nouveaux protagonistes. Dans tous les cas, il y aura toujours l’amour omniprésent, qui les lie. 

Chaque chapitre se lit facilement, indépendamment des autres, puis des liens se tissent entre eux pour créer une espèce de trame, de réseau, dont le contenu fluctue en fonction de notre avancée dans la lecture, de nos réflexions. La fin du livre est un début. Le début d’une longue liste de spéculations et de retours sur cette lecture : »Ai-je bien compris? » « Alors ce personnage c’est bien une variation de Tibor? »… Christopher Priest ne nous donne pas toutes les clés de la compréhension de son texte, juste quelques éléments. Il est donc possible que chaque lecteur en ai une vue différente. Cela peut sembler bien compliqué, mais ce qui est étonnant, l’une des preuves du talent de Christopher Priest, c’est que L’Adjacent se lit sans aucune difficulté, avec un grand plaisir. J’ai juste eu l’impression à la fin, d’être emportée avec Tibor et Mélanie dans une danse à travers le temps et de nombreuses réalités alternatives.

Pour conclure, L’Adjacent est un livre à part. Porté par une plume magnifique, Christopher Priest offre au lecteur une histoire d’amour sous forme de puzzle, qui se déroule durant plusieurs époques, voir dans des réalités alternatives. N’ayez pas peur de vous perdre dans les méandres de l’Adjacence, vous ne le regretterez pas. A lire !

 

D’autres avis chez : Lune, Noosfère

 n°23

La horde du contrevent de Alain Damasio : concours de fanfiction chez FolioSF & concours inside pour gagner le livre

Pour célébrer les 15 ans de la collection,

Folio SF organise un grand concours d’écriture de fanfiction !

Le jeu se déroulera du 26 février 2015 au 14 juin 2015 à minuit.

Le principe est simple :

 Écrivez une « fanfiction » basée sur l’œuvre d’Alain Damasio, La Horde du Contrevent.

  » Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueules, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont. Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime. « 

 

Qu’est-ce qu’une fanfiction ?

La fanfiction est plus libre que la nouvelle et se définit ainsi : récit écrit par des fans pour prolonger et/ou transformer une fiction, ici La Horde du Contrevent. Elle peut donc consister en une préquelle ou une séquelle de l’histoire, elle peut se focaliser sur un personnage, ou décrire avec plus de détails une scène déjà existante, ou même parfois recréer une scène basée sur l’histoire.

 

Vous remporterez peut-être…

 À gagner : 1 an de lecture Folio SF, une rencontre avec Alain Damasio aux Utopiales de Nantes et la mise en avant sur notre site et sur nos réseaux sociaux de la fanfiction gagnante !

 

Retrouvez ici toutes les informations sur le concours et les conditions de participation.

Et mon avis sur ce livre.

 

Vos souvenirs de lectures sont vagues et vous n’avez plus cette pépite dans votre bibliothèque ?

Vous ne l’avez jamais lu et vous rêvez de le lire ?

Pas de panique ! Je vous propose d’en gagner un exemplaire.

Pour cela il suffit de remplir ce formulaire. Le gagnant sera tiré au sort parmi les bonnes réponses et annoncé sur le blog.

Une seule participation par personne et par foyer. Le livre sera envoyé par mes soins, je ne pourrais être tenue pour responsable en cas de non réception du lot suite à des soucis d’envois postaux.

 

Il n’y a aucune obligation d’aimer la page du blog, mais cela fait toujours plaisir.

Bonne chance à tous !

Les retombées de Jean-Pierre Andrevon

 

 ID :

Auteur : Jean-Pierre Andrevon  – Editions : Le passager clandestin, collection Dyschroniques – Parution : 20/03/15 – 120 pages – prix : 7 € – genre : Science Fiction

 

Quatrième de couverture:

En 1979, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France, le jour d’Après.

 

Quelques mots :

Libfly a étendu son opération La voie des Indés sur toute l’année. L’occasion de découvrir ou de faire découvrir des maisons d’éditions indépendantes. Je connaissais déjà Le passager clandestin, cette opération est l’occasion de vous en reparler.

 

Mon ressenti :

La quatrième de couverture est sibylline, mais associée à la couverture, on comprend exactement à quel jour d’après l’histoire fait allusion. C’est ce qui m’a intéressé dans cette novella, publiée à nouveau près de 30 ans après sa parution, mais toujours d’actualité. Que ce passerait-il le lendemain d’un incident nucléaire ? On peut se poser la question après ce qui c’est passé au Japon, à Tchernobyl… Elle est sans doute encore plus réaliste qu’à l’époque où a été écrit ce texte. Même si l’histoire semble évidente, voir toute tracée, elle ne l’est pas! L’auteur nous attache aux pas de François, pas le jour d’après mais les minutes après une violente explosion, qui laisse supposer un accident ou une attaque nucléaire. Comme les protagonistes du récit, nous sommes dans l’interrogation : que s’est-il passé? Accident? Guerre ? Que faire ? Nous  allons suivre plusieurs personnages d’abord dans une course instinctive de survie, puis à travers leur premiers contacts ente rescapés, puis avec les autorités. Comme eux on ne saura pas ce qu’il en est, l’auteur nous laisse dans le brouillard le plus complet.

Ce parti pris de ne pas nous donner toutes les clés de l’histoire est très intéressant. Il nous pousse à la réflexion. Comment réagirions-nous dans ce type de situation? Que ferait l’état? Ici l’auteur nous présente un retournement aux allures totalitaire. Les survivants (enfin ceux que l’on suit) sont recueillis dans un campement, l’opération fait rapidement penser à un internement dans un camps de concentration. Mesures de précautions ou éradications? Les parallèles avec les camps de concentration de la deuxième guerre mondiale sont permanents. Seule ombre au tableau de cette lecture, la réflexion c’est bien, mais j’aurais bien aimé savoir ce qui c’était réellement passé et ce qui se tramait à travers ces camps.

Le texte est très bien écrit, il est très réaliste. Le lecteur peut facilement s’identifier aux personnages et imaginer se retrouver dans la même situation. en le refermant, je n’avais qu’une envie : ouvrir la porte, voir un peu de verdure dans le jardin entendre les oiseaux.

Au final, l’auteur nous propose un texte très sombre qui amène le lecteur à se poser de nombreuses questions sur ce qui arrive dans ce livre et d’une façon plus large sur l’impact qu’aurait un incident nucléaire dans notre pays. Le plus de cette collection : enfin de volume, il y a des informations sur le contexte dans lequel a été publié ce texte au départ.

 

  n°19 

Le suivant sur la liste de Manon Fargetton

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Auteur :  Manon Fargetton – Editions : Rageot Thriller – Parution : 18/02/2014  – 266 pages – prix : 9,90 € – genre : Thriller, Jeunesse, SF

 

Quatrième de couverture:

 Izia bifurqua dans la rue du collège. Elle consulta sa montre. Parfait. Izia collectionnait les mots sur son carnet de liaison et se faisait un devoir de ne jamais arriver à l’heure. Elle leva un sourcil étonné en apercevant Nathan qui déboulait sur son vélo à l’autre bout de la rue. Elle s’apprêtait à traverser en snobant le passage clouté lorsqu’une Mercedes aux vitres teintées surgit du carrefour. Trop vite. Beaucoup trop vite.

Elle distingue sans peine le regard déterminé du conducteur qui enfonçait la pédale d’accélérateur.
La voiture était déjà sur Nathan.
Elle cria.

A force de voir le nom de Manon Fargetton sur la blogosphère, j’avais très envie de découvrir ses écrits. Quelle belle occasion que « Le mois de » sur Book En Stock! J’ai choisi de commencer par ce thriller pour adolescent.

Mon ressenti :

On rentre dans l’histoire immédiatement. Le premier contact se fait avec Nathan, en 3ème, qui, pianotant sur son ordi, a fait une découverte extraordinaire, tout en s’occupant de sa petite sœur. Quelques pages suffisent à le rendre sympathique et là, premier choc : il se fait écrasé (l’auteur ne nous ménage pas)! Autant dire que le ton est donné : suspens et actions ! Le titre le laissait supposer, rien d’agréable n’est promis aux héros de cette histoire. Nous allons suivre la course endiablée de quatre adolescents, qui cherchent à savoir qui ils sont, tout en étant poursuivi par un groupe obscure d’activistes, qui souhaitent leur mort, sur un fond de manipulation génétique…

Le rythme est effréné comme dans un film d’action, chapitres courts, changement de narrateurs. Manon Fargetton maîtrise parfaitement toutes les ficelles du thriller. On a l’impression de courir tout le long de la lecture, n’ayant qu’une envie, reprendre son souffle. Autant vous dire que les pages défilent. Seul bémol, j’aurais souhaité un peu plus aller au fond des choses, avoir plus de descriptions. Mais ce manque pour moi, s’avère être un atout pour le public cible.

Ce public va d’ailleurs pouvoir se retrouver dans nos héros. On a un peu tous les stéréotypes du collège : le rebelle Samuel, Izia la discrète, Morgane la star de l’école, Nathan le studieux et Timothée qui ne rentre dans aucune case. Ces personnages sont très crédibles et ont toutes les préoccupations d’adolescents d’aujourd’hui : premiers émois, l’impact du regard des autres, la place dans le groupe ou encore la vie avec des parents séparés. Mon préféré reste Nathan, vous me direz qu’il a été écrasé, certes…

Au final, une histoire très bien construite pour les adolescents. Des héros charismatiques, du rythme, une enquête étonnante, des menaces de morts… le tout parfaitement lié.

 

D’autre avis chez : Ptitetrolle, Phooka

n°18 n°7

Origines, tome 1 : Le Château des Millions d’Années de Stéphane Przybylski

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Auteur : Stéphane Przybylski – Editions : Le Bélial – Parution : 12/02/15 – 380 pages – prix : 20 € – genre : SF (mais aussi espionnage, aventure, historique…)

 

Quatrième de couverture:

Juin 1939.

Heinrich Himmler diligente une mission archéologique en Irak dans le but officieux de s’allier les populations locales afin de saper l’influence britannique et préparer l’avènement d’un nouvel ordre mondial…

Au sein de cette expédition qu’il dirige en sous-main, l’officier SS Friedrich Saxhäuser.

Héros de la Grande Guerre, agent naviguant dans les eaux troubles des divers services de renseignement du Reich, ce soldat hors normes a lié son destin à celui d’Adolf Hitler depuis le putsch manqué de Munich en 1923. Or, dans la vallée d’un affluent du Tigre, Saxhäuser met bientôt au jour l’impensable, une découverte si vertigineuse qu’elle pourrait bien changer la donne dans le conflit qui s’annonce… Mais encore faut-il pouvoir acheminer pareille trouvaille jusqu’en Allemagne. Et d’ailleurs, Saxhäuser le veut-il vraiment ?

Auteur d’ouvrages militaires et historiques, dont La Campagne de 1870, distingué par le prix de l’Académie de Stanislas, Stéphane Przybylski livre ici la pièce initiale d’un puzzle romanesque monumental. Mêlant le substrat épique desAventuriers de l’Arche perdue, un environnement conspirationniste digne des X-Files de Chris Carter, une rigueur historique pareille à celle des Puissances de l’invisible de Tim Powers, Le Château des millions d’années initie la tétralogie Origines avec une maestria époustouflante.

Quelques mots:

Le 12 décembre dernier, Le Bélial’  lançait son premier feuilleton numérique Origines. Il présentait le roman Le Château des millions d’années de Stéphane Przybylski (premier opus d’une tétralogie), découpé en 10 épisodes. L’initiative m’avait intriguée à l’époque. J’ai ensuite vu la magnifique couverture, illustrée par Aurélien Police. Et pour finir de me convaincre  j’ai lu des présentations, où il était fait mention de « Quand Xfiles rejoint Lawrence d’Arabie ». Le poisson avait mordu à l’hameçon et j’ai profité de l’opération La voie des Indés pour découvrir ce titre.

 

Mon ressenti :

Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en démarrant ma lecture. Allais-je avoir affaire à une histoire complexe et difficilement compréhensible par le commun des mortels? A un obscur roman historique assaisonné de SF ? A une uchronie classique? Eh bien que nenni !

Je vais essayer de vous parler un peu de l’histoire, mais c’est compliqué. Le récit principale se déroule à l’aurore de la seconde guerre mondiale, où nous allons suivre l’officier SS Friedrich Saxhäuser. Celui-ci quitte alors Berlin pour une expédition archéologique en Irak. Elle lui sert de couverture pour  mener à bien sa mission pour le service du renseignement. L’expédition, menée par Joachim Schmundt, a pour objectif de trouver la trace des premiers aryens, des êtres aux pouvoir exceptionnels, afin de démontrer la suprématie de la race aryenne. Cette aventure va s’avérer pleine de rebondissements, au lieu de grands blonds, nos explorateurs vont plutôt trouver des petits gris belliqueux. Voilà pour la trame principale. Celle-ci va être totalement morcelée, des bouts du passé des personnages vont venir s’intercaler, mais aussi des éléments du futur et du présent d’autres personnages. Dit comme ça, on pourrait croire que c’est le bazar. Mais non, l’auteur a trouvé une bonne recette et nous propose un texte tout à fait lisible et plaisant.

La trame principale nous sert une histoire pleine d’aventures, qui m’a beaucoup fait penser à Indiana Jones, entre les nazis, le désert, les recherches archéologiques et les éléments fantastiques, voir de science fiction (pour le dernier Indiana Jones, mais le texte est meilleur que le dit film). Les flashbacks vont nous fournir un background historique très précis, allant de la première à la seconde guerre mondiale, vu du côté allemand. Le tout donne un curieux mélange qui m’a beaucoup plus, alors que je ne suis pas férue d’histoire. J’étais même très surprise, que cela fonctionne aussi bien.

Difficile d’apprécier, au premier abord, Friedrich Saxhäuser, du fait de sa position dans l’entourage d’Hitler et de ses actions. L’histoire va permettre de mieux le comprendre, de suivre son parcours, pour arriver à cet homme qui doute en 1939. Ce cheminement n’a pas été sans me rappeler la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell. Joachim Schmundt joue dans un tout autre registre, mais de la même façon l’auteur va décortiquer son passé. Cette étude poussée des personnages est très réussi.

Au final, si vous n’êtes pas allergique aux flashbacks, laissez-vous tenter par cet ovni, qui mêle allègrement récit historique, Science Fiction, roman d’espionnage et d’aventure. Un joyeux mélange, qui fonctionnement extrêmement bien.

D’autres avis chez : CornwalVert, Mes Imaginaires

n°16