Les damnés de l’asphalte de Laurent Whale

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Auteur : Laurent Whale  – Editions : Critic  – Parution :  06/06/2013 – 484 pages – prix :  22€ – genre : Science fiction

 

Quatrième de couverture:

Quinze ans ont passé depuis l’invasion venue du Nord, mais le monde ne s’est pas amélioré, bien au contraire… La misère et la famine règnent sur un pays ravagé. Villes fantômes, bandes organisées, soldats de fortune et sectes d’illuminés en tout genre se partagent la route du Sud. Il faudrait être fou pour l’emprunter. Fou… ou déterminé.
Lorsque son frère est porté disparu, Miki, le jeune mécano, se met en tête de rallier la péninsule ibérique. A ses côtés, Toni, le pilote, et Cheyenne, le hors-mur, reprennent du service !
Commence pour eux un périple à travers un pays en proie aux flammes et au chaos. Et, alors que les survivants se disputent les miettes de la civilisation, une menace resurgit des abysses du monde d’avant. Un cauchemar sans nom qui pourrait bien barrer la route aux damnés de l’asphalte…

 

Laurent Whale, quand on le croise en festival, on ne peut pas l’oublier ! Beaucoup d’humour, très souriant. Mais jusqu’à présent, je n’avais pas encore découvert sa plume, c’est chose faite.

Mon ressenti :

Découvrir un nouvel auteur, c’est partir à l’aventure. Je ne savais pas à quel point ce serait vrai avant de démarrer ce livre. En effet, Laurent Whale nous emporte dans un road trip post-apocalyptique bien stressant. Il nous plonge dans le bain très rapidement en commençant pas une scène d’action, humain vs ours… Un petit flash-back recadre l’histoire. Puis l’on repart pour le voyage de Miki et de ses acolytes vers une Espagne ravagée. Cette Europe en ruine est très réaliste et effrayante. Et ce à deux niveaux : d’une part je me suis inquiétée pour les personnages, comme dans un thriller je n’arrêtais pas de me demander ce qui allait leur arriver (ce qui se traduit chez moi par des petits sauts, des « rho pitin rho pitin » « gneuueuuu », et au final un chat traumatisé) ; d’autre part, la lente dégradation des relations inter et intra étatique est explicitée par des brèves en début de chaque chapitre, elles donnent un goût très réaliste aux événements, qui conduisent à cette Europe post-apocalyptique. Alors pourquoi est-ce que cela ne nous arriverait pas ? On peut également se demander comment nous réagirions en cas d’effondrement de notre société. Au deux tiers du livre, je m’étais bien habituée à cette ambiance stressante et j’ai terminé le livre sans avoir le temps de dire ouf.

L’écriture est très bien rythmée, entre actions et petits momentd de repos (mes nerfs n’auraient pas tenu autrement). L’univers est très réaliste. Quand on a eu l’occasion de faire un peu le voyage de nos héros : partir de Port Leucate pour aller déjà jusque Barcelone, cela fait très bizarre de visualiser leur déplacement, de les imaginer évoluer à cheval sur l’autoroute détruite.

En plus d’un univers bien construit, l’auteur a choisi des personnages avec un sacré capital sympathie. Comment ne pas avoir envie de suivre les aventures de Miki, qui veut retrouver ses frères et se voit propulsé chef de leur petit groupe, ou encore Cheyenne, le spécialiste de la survie, un peu brute de décoffrage, mais au grand cœur … Et tant d’autres.

Au final, une très bonne découverte, je suis ravie. Une histoire qui se tient vraiment, bien écrite. Il ne me reste plus qu’à lire l’opus précédent à savoir : Les étoiles s’en balancent (et puis le prochain puisque l’auteur n’a pas fini d’écrire dans cet univers).

 

D’autres avis chez : Blackwolf, Cornwall, Sia 

 n°51

Le Cycle de Lanmeur, intégrale, tome 2 : Les enfants du Léthé de Christian Léourier

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Auteur : Christian Léourier – Editions : Ad Astra- Parution : /12/2012 – 368 pages – prix : 19,80 € – genre : science-fiction

 

Quatrième de couverture:

Lanmeur, planète-mère du Rassemblement, poursuit son grand dessein de colonisation…
Sur ces deux planètes que sont Borgœt et Ti-Grid, sa domination est totale. Borgœt, la planète bagne, et Ti-Grid, la pacifique, en sont les exemples frappants. Tandis que depuis sa prison à ciel ouvert, le Camp 23, Garth survit aux côtés de l’étrange Iwerno et tente d’échapper aux effets du Léthé, la drogue de l’oubli, Skiath part en quête de son nom véritable, celui qui lui dictera sa propre loi, sur son monde où le Lagad, l’épice rituelle, apporte perception et vérité… Mais la seule issue possible, pour ces deux hommes, n’est-elle pas dans la révolte ?

 

J’ai eu le grand plaisir de lire pour la première fois Christian Léourier, l’année dernière. Une première lecture qui m’avait conquise et qui m’avait donné envie de continuer le voyage (mon avis sur la première intégrale).

 

Mon ressenti :

Ce tome présente trois textes, les deux derniers ayant plutôt un format de novella : Les racines de l’oubli, La loi du monde et Le secret (inédit). Avant de parler des différentes histoires, ce qui m’a frappée en entamant la lecture de cette intégrale, est l’écriture de Christian Léourier. Je ne l’avais pas vraiment oubliée en un an, mais elle est vraiment très belle. Elle est difficile à décrire, parfois presque poésie, elle porte des réflexions sur l’humanité avec une grande force. Je me rends compte que tout cela ne veut pas dire grand chose, alors en bref, c’est beau, c’est agréable, c’est prenant, envoûtant, comme texte et en plus, cela fait réfléchir.

L’auteur arrive aussi , en quelques mots, à nous plonger dans des mondes étranges qui pourraient servir de théâtre à de nombreux récits. Dans Les racines de l’oubli, voilà notre héros, Dato, qui évolue dans un bagne à ciel ouvert, une forêt monstrueuse et mortelle sert de mur. Je me suis demandée comment Léourier avait pu inventer un monde aussi atroce d’ailleurs. Cette planète, bien loin de Lanmeur, servira de prétexte à une réflexion plus profonde sur  le sens de la vie (le bagne en lui -même n’a pas de sens, de raison d’être, alors pourquoi lutter), la lutte, les révolutions et les histoires qui se répètent.  L’histoire est très prenante et laisse comme un goût de déjà vu, un peu amère. 

Dans La loi du monde, nous découvrons encore une nouvelle civilisation. L’être se défini par sa loi, qui régule tout. Lanmeur, anciennement bienveillante, est là pour coloniser, uniformiser. Les Lanmeuriens ne voient pas la richesse des autochtones, aveuglés par leur connaissance. A travers la quête d’identité de Skiath, nous allons apprendre beaucoup plus sur Ti-grid, sa planète, que ne l’a fait Lanmeur en des décennies.

Dans Le secret, ce qui m’a le plus marqué est ce grand-père Askell, qui essaye de transmettre son savoir à sa petite fille Ewith, mais sans lui révéler tous les secrets de leur planète puisqu’elle est moitié lanmeurienne du côté de son père. Quel dilemme, sacrifier le bonheur de sa petite fille pour protéger son peuple…

Ces différents récits ne laissent pas indifférents et j’ai apprécié que les deux premiers textes soient introduits par des réflexions de l’auteur.

Au final, une lecture savoureuse, qui fait voyager et réfléchir, trembler et sourire. A lire absolument !

 

D’autres avis chez : Jae-Lou, Phooka, Lune, Xapur

n°2 n°41 n°11

L’oreille interne de Robert Silverberg

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Auteur : Robert Silverberg – Edition : Gallimard collection Folio SF – Parution : 04/01/2007 – 338 pages – Prix : 7.90 € – Genre : Science-Fiction

 

Quatrième de couverture :

David Selig, Juif new-yorkais d’une quarantaine d’années, se considère comme un raté. Il est pourtant télépathe et pourrait profiter de ce don pour faire fortune, conquérir – et garder ! – les plus belles femmes… Mais non, rien à faire, il estime être un monstre tout juste bon à faire le nègre sur des devoirs d’étudiants, incapable de réussir sa vie. La dernière preuve en date : ce talent qu’il déteste tant, mais qui est finalement son seul lien avec le reste de l’humanité, est en train de le quitter ! Apeuré à l’idée de se retrouver seul avec lui même, Selig nous conte sa misérable existence.

 

Je n’avais jamais lu de livre de Silverberg, il était plus que temps d’y remédier. J’ai donc profité d’une lecture commune sur le Cercle d’Atuan pour me lancer.

Mon ressenti :

J’avoue avoir été assez déconcertée par cette lecture. Classée en science fiction, je l’aurais bien mis en fantastique. En effet le seul élément venant perturber la réalité est le don de télépathie de David. Télépathie qui ne marche que dans un sens puisqu’il n’est capable que de recevoir. L’histoire est donc celle de David, un loser.  40 ans, célibataire désargenté…. son don s’avère être une véritable malédiction pour lui. Il ne veut pas s’en servir, mais se retrouve tout de même à épier ses voisins pour se divertir. Il ne se servira jamais de ce don pour faire de grande chose (être une sorte de super héros) ou pour bien gagner sa vie. Il ne l’utilise pas pour son développement et le subit.

Le livre présente donc une réflexion très intéressante sur le concept de don et sur l’homme en général. Il est émaillé de nombreuses références philosophiques et littéraires. Il est formidablement bien écrit, avec des jeux de narrations intéressants, le point de vue change entre une troisième personne et le « je » de David, donnant une vision extérieure du personnage.

Cependant, je n’ai pas été emballée par la lecture. J’ai un peu du mal à définir pourquoi, peut-être à cause des réflexions misérabilistes de David sur sa vie qui m’ont énervée.

 Au final, un texte très bien écrit, intéressant, mais qui ne m’a pas touché pour cause d’allergie personnelle aux réflexions sur ce qu’est une vie réussie.

D’autres avis chez : Lorhkan, Cornwall, Vert

 1ère lecture   n°37  n°6

Insaisissable, tome 1 : Ne me touche pas de Tahereh Mafi

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Auteur : Tahereh Mafi – Édition : Michel Lafon poche – Parution : 07/05/14 – 430 Pages – Prix : 7€ – Genre : SF, Dystopie, Young Adult

Quatrième de couverture :

“Ne me touche pas” je lui murmure. Je mens mais ne lui dis pas. J’aimerai qu’il me touche mais ne lui dirais jamais. Des choses arrivent quand on me touche. Des choses étranges. De mauvaises choses. Des choses mortelles.
Juliette est enfermée depuis 264 jours dans une forteresse pour un accident. Un crime. 264 jours sans parler ni toucher personne. Jusqu’au moment où un gardien vient partager sa cellule. Derrière sa nouvelle apparence, elle le reconnaît : c’est Adam, celui qu’elle aime en secret depuis toujours.

 

Ce livre avait fait pas mal de battage dans la blogosphère et lors de la venue de l’auteur au salon du livre de Paris. J’étais donc très curieuse de le découvrir.

Mon ressenti :

Le tout début de l’histoire m’a intriguée. Une jeune fille enfermée depuis près d’un an, sans parler, sans voir un être humain. Il y avait de quoi faire un bon début d’histoire. Malheureusement, très rapidement, après l’arrivée de son compagnon de cellule, l’histoire s’est fixée sur la romance, qui va rester prédominante pendant 250 pages. Même si parfois mon cœur de midinette s’émeut, là ce ne fût pas le cas. Les 70 dernières pages ont un peu (mais juste un peu) rattraper cela, en  développement l’histoire par la découverte du monde extérieur, l’apparition de nouveaux personnages. Mais ces quelques miettes ne m’ont pas suffit.

J’ai donc eu du mal avec des pages et des pages à lire : touche moi, non il ne faut pas, je veux qu’il me touche, j’aimerais qu’il me touche, oh il me touche… Le texte présentait également quelques incohérences. L’héroïne parlait à peu près bien et tout à coups les négations disparaissaient, « je te » devenait « j’te ». Un autre point qui m’a fait tiquer, est la façon dont Juliette parle à son geôlier, elle le tu-toi et, est très familière, comme s’il était  quelqu’un qu’elle connaissait depuis très longtemps, bizarre.

Les descriptions des personnages ne m’ont pas parmi de m’en faire vraiment une idée. On comprend que la vie de Juliette jusqu’à présent a été horrible, mais je n’ai pas réussit à avoir d’empathie pour elle. Quant à Adam, on comprend surtout qu’elle veut le toucher. Bref, je ne me suis pas sentie concernée par les personnages.

Au final, une lecture qui s’est avérée pénible sauf au tout début et à la fin. Une romance à laquelle je n’ai pas accrochée. Certes j’aimerais savoir ce qu’il se passe après, mais pas au risque de lire le second tome.

 n° 27     n° 7 n°6

Je suis une légende de Richard Matheson

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Auteur : Richard Matheson – Edition : Folio SF  – Parution : 02/04/2010 – 228 pages – Prix : 6,20€ – Genre : Science fiction

Quatrième de couverture :

Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie.
Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil…

Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme.

Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire.

 

 

 Je n’ai jamais lu de livre de Matheson, alors autant attaquer par un classique

 

Mon ressenti :

Le récit débute en janvier 1976 par une scène de la vie quotidienne de Robert Neville : barricader la maison, installer des chapelets d’ail, faire des pieux… Cette description est très efficace, immédiatement le lecteur sait à quoi se tenir, le héros tente de survivre dans un monde peuplé de vampires. La banalité de sa routine (à part les allers retour au feu pour se débarrasser des corps de vampire) nous rapproche de Robert et on peut se poser la question de comment se déroulerait nos journées dans cette situation ? Cela parait plus que logique de réparer son habitat, s’occuper de la nourriture… Nous allons suivre la vie de robert  sur 3 ans, 3 ans sans parler à un autre être humain…  3 ans de réflexion, d’état d’âme, de recherches.

Je ne veux pas en dévoiler trop car l’histoire est vraiment très intéressante dans sa progression. L’écriture de Matheson rend ce récit probable et très réaliste, il s’agit bien de science fiction et pas de récit fantastique même s’il est fait état de vampires. Les thèses présentées concernant les vampires sont également passionnantes. L’auteur ne fait jamais d’erreur dans son histoire, il n’y a jamais de couac qui viendrait démonter le fil narratif. 

Même si l’on peut se tenir à une lecture qui serait basée uniquement sur l’histoire de Robert, de la disparition de l’humanité et de sa lutte contre les vampires ; la lecture peut atteindre un tout autre niveau avec une réflexion sur la définition du monstre, de la norme. Le tout habilement amené.

Le personnage principal est terriblement humain, avec ses défauts, ses envies, ses besoins (de contact humain, voir de contact tout court). On ne peut avoir que de la compassion pour lui, perdu au milieu de prédateur. Je me suis demandé comment il arrivait à tenir, à ne pas tout arrêter. question apparemment légitime puisqu’il se la pose aussi.

Au final, cette lecture m’a enthousiasmée. Le livre est très bien écrit, l’auteur mène son récit d’une main de maître. L’histoire n’est jamais bancale et très intéressante. Et le tout n’a pas pris une ride depuis sa parution. A lire ! C’est sûr je vais lire d’autres livres de Matheson.

P.S. : il y a bien un film qui a le même nom, mais ils n’ont en commun que le nom .

 

« Plutôt que de continuer à souffir , il s’était fermé à toute introspection. Désormais, le temps se réduisait pour lui à la seule dimension du présent, un présent tout entier fondé sur la survie, ignorant les sommets de la joie comme les abîmes du désespoir. Il avait la sensation de se rapprocher du règne végétal, selon son désir. »

 

D’autres avis chez : Cornwall, Lorhkan

Session  : je N°6    N°29